À la découverte de nos archives…

Hommage à Monseigneur Ernest Cabo

À l’heure où nous apprenons avec tristesse le décès de Monseigneur Ernest Cabo, ancien évêque du diocèse de la Guadeloupe, je vous propose aujourd’hui, en hommage à ce dernier, le récit d’une visite épiscopale à Terre-de-Haut en 1874. Ce récit est extrait de la brochure De clocher en clocher consacrée à notre paroisse et publiée en avril 1979 par Camille Fabre, secrétaire à l’époque de Monseigneur Jean Gay.

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Une visite épiscopale à Terre-de-Haut il y a 145 ans

Le dimanche, 13 décembre 1874, la paroisse de Terre-de-Haut recevait l’évêque de Basse-Terre. Il y avait huit ans et sept mois qu’aucun évêque n’avait mis le pied sur cette île ; aussi, Mgr Blanger a-t-il voulu donner une marque particulière de sympathie en se dérangeant spécialement pour nous visiter, et en passant toute la journée du dimanche à Terre-de-Haut.

Sa Grandeur, qui devait arriver par l’Estafette, vers huit heures et demie du matin, n’a touché le rivage qu’à neuf heures et demie, par suite d’un accident arrivé au vapeur, lors du départ de la Basse-Terre. Elle était accompagnée de M. Gravier, vicaire général, et du R.P. Guilloux supérieur du Collège diocésain de la Basse-Terre.

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Reçu et complimenté tant bien que mal par M. le Maire (Jean-Pierre Lognos), sous l’arc de triomphe qui avait été élevé par des hommes de bonne volonté, à l’extrémité de l’estacade, en face de la maison qu’occupe le Commissaire de Marine. Monseigneur s’est ensuite rendu processionnellement à l’église, la foule des confirmands et des paroissiens précédant sur deux rangs garnis d’oriflammes et de bannières ; toutes les autorités escortaient le Prélat derrière le dais.

À l’entrée de l’église, et après les cérémonies d’usage, Monseigneur a reçu les compliments de M. L’Administrateur ecclésiastique de la paroisse, auquel il a répondu en remerciant la paroisse de l’accueil respectueux et empressé qui lui était fait ; les décorations de la rue et de l’église étaient pour lui l’éclatant témoignage de la bonne volonté de tous, et il était, en cela, d’autant plus agréablement surpris qu’il connaissait la pauvreté de la Fabrique* et de la Paroisse. À la suite de ces petits discours, a eu lieu la célébration d’une messe basse à laquelle ont communié tous les confirmands, au nombre de quatre-vingt-deux.

* La Fabrique était le conseil communal qui, avant la loi de la séparation de l’Église et de l’État, (1905),  était chargé financièrement et matériellement des affaires religieuses dans les paroisses catholiques.

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Après la messe, instruction par Monseigneur, cérémonie de la confirmation et seconde instruction donnée par sa Grandeur. Tout étant terminé à l’église, on s’est rendu solennellement au presbytère, au chant du Te Deum. Il était près de onze heures trente du matin…

À trois heures du soir a eu lieu le chant de vêpres, Monseigneur assistant au trône, et M. le Vicaire général officiant. Après les vêpres, salut solennel du Très Saint Sacrement, donné également par M. le Vicaire général..

Avant et après les vêpres, Monseigneur a visité successivement les Écoles des Frères et des Sœurs, l’Hôpital, les différentes autorités de l’endroit, et enfin, la Prison centrale de l’Îlet à Cabris où, jamais encore un évêque n’avait paru et où sa présence a produit le meilleur effet. Monseigneur est, à la nuit tombante, rentré dans le presbytère où il a dîné et passé la nuit.

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À plusieurs reprises, sa Grandeur avait constaté, dans la journée, combien le Curé de Terre-de-Haut a le droit de se plaindre en face des autres fonctionnaires de l’île, soit pour le logement, soit pour l’ameublement, soit enfin pour le traitement.

Le lendemain matin, vers sept heures du matin, Monseigneur quittait la Terre-de-Haut pour se rendre, sur l’Estafette, à la Terre-de-Bas, et de là à la Basse-Terre.

Dans une de ses allocutions du matin, Monseigneur a promis un lustre pour l’église. Le lundi, à Terre-de-Bas, M. Asselin, trésorier général de la Guadeloupe, qui accompagnait sa Grandeur, a promis également un tapis pour l’église de Terre-de-Haut. Ce sont là deux souvenirs particuliers qui rappelleront la visite épiscopale du 13 décembre 1874.

Rappel :
Ce récit a pour auteur l’abbé Th. Covin, curé de Terre-de-Haut de 1873 à 1876.
Il figure dans la brochure De clocher en Clocher du Père Camille Fabre, datant de 1979, mais également dans la revue diocésaine L’écho de la Reine, datée de novembre 1936.

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PS.  Cet épisode de notre histoire saintoise est publié en hommage à Monseigneur Ernest Cabo, évêque de Guadeloupe de juillet 1983 à mai 2008,
décédé à Basse-Terre le jeudi 28 novembre 2019, à l’âge de 86 ans.
Monseigneur Cabo a visité les Saintes de nombreuses fois au cours de son épiscopat.
Sa biographie a été écrite par Pascal Gbikpi, publiée récemment aux Éditions Nestor.

Pour plus d’informations concernant les obsèques de Mgr Cabo,
cliquer sur le lien suivant :
Obsèques de Mgr CABO

Raymond Joyeux
02.12.19

 

 

 

 

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2 commentaires pour À la découverte de nos archives…

  1. Duval Michel dit :

    Les termes utilisés dans ce récit (« Sa Grandeur », « Monseigneur »), montrent la soumission encore absolue des populations à l’Église au XIXe s, longtemps après 1789.

    • raymondjoyeux dit :

      Monseigneur ou « son excellence » sont encore et toujours utilisés pour désigner un évêque ainsi que « son éminence » pour un cardinal, et « sa Sainteté » pour le Pape. De plus, ce texte a été écrit par un abbé, le curé de Terre-de-Haut à l’époque, qui d’ailleurs a été confirmé à son poste lors du passage de l’évêque. Ceci expliquerait en partie cela, mais c’était certainement aussi l’usage en ce temps-là. Je pense que le terme « sa Grandeur » a néanmoins disparu. Un civil (non ordonné prêtre) peut d’ailleurs être nommé cardinal, et pourrait éventuellement être élu pape…De plus on peut dire aussi « Monsieur le Cardinal ».

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