Au hasard de la nuit

couverture au hasard jaune

Tentative d’explication

Ce recueil, en l’état, est né sans projet préconçu. Les diverses parties ont été composées à des dates très différentes, selon l’humeur du moment, et mises en attente pour un éventuel rassemblement en des ensembles plus conséquents qui n’ont jamais été complétés. Le tout est donc particulièrement disparate et donnent justement l’idée de « glanage », sous-titre initialement prévu quand j’ai décidé de constituer le recueil – en l’absence de nouvelles compositions.
Comme la plupart des textes ont été écrits le soir ou durant la nuit, Au hasard de la nuit a finalement remplacé Chemin de bornage, premier titre retenu à l’origine. En dehors de ce titre final qui se voudrait fédérateur de l’ensemble des poèmes, il serait vain de chercher une quelconque unité thématique ou d’inspiration. Si tant est que ce dernier terme signifie quelque chose.

Pourquoi Chemin de bornage ? tout simplement parce que je voulais des textes exclusivement sur le fait et les impressions maritimes – pour ne pas changer – pour un recueil complet à thème unique. Une sorte de cheminement côtier qui rendrait compte du bonheur d’ouvrir les yeux sur la splendeur des eaux, un peu à la manière d’Ode maritime de Fernando Pessoa. Les cinq premiers poèmes (qui au départ n’en faisaient qu’un) et ceux de la cinquième partie intitulée justement Chemin de bornage, procèdent de cette intention de départ. C’est dire qu’en réalité mon projet pour cet ensemble était beaucoup plus ambitieux. Malheureusement une coupure temporelle s’est produite dans la rédaction et je n’ai plus retrouvé l’atmosphère adéquate. (Je préfère parler d’atmosphère plutôt que d’inspiration).

Les poèmes de la seconde partie : Certificat de résidence, ce sont des cris de rage contre ce qui se passe aux Saintes où une île, en dépit de son cachet géographique exceptionnel, est gâchée par la volonté d’hommes sans culture et sans projet cohérent, ne serait-ce que celui de tenter de sauver ce qui reste encore à sauver, je veux parler davantage de l’âme que de la géographie. Géographie de toute façon détruite en grande partie et dont je règle par ailleurs le sort dans des textes comme Gagné sur la mer, Site protégé, Blessure… Ces poèmes sombres et réalistes sont d’ailleurs entrecoupés volontairement par des textes plus enthousiastes et riants qui font contraste et dont le point d’orgue à mes yeux serait Matinale à la page 78. Dans cette optique positive, ce serait d’ailleurs mon préféré.
Les poèmes sur la pluie sont d’un optimisme mitigé, car la pluie, en dépit de ses inconvénients est source finalement de pureté retrouvée, même si ce n’est pas dit clairement (arroser à sa manière une année riche en pannes fugitives).
La dernière partie qui donne son titre au recueil, ce sont des réflexions à l’emporte pièces sur la poésie qui se veulent sans prétention et traduisent les sentiments spontanés éprouvés à la lecture d’un petit livre de chevet : Sol absolu de Lorand Gaspar – (Poésie Gallimard). Ce n’est pas une théorie sur la poésie mais plutôt des instantanés émotionnels, de petites interrogations sur l’écriture et la lecture poétiques qui valent ce qu’elles valent, ici et maintenant, pour celui qui s’essaie lui-même à l’écriture… au hasard de la nuit.

Quant à Ex-voto, la partie centrale, ce sont de petits textes composés pour des amis dans des circonstances précises et diverses, sans lien particulier entre eux, et qui pour la plupart n’étaient pas destinés à être publiés (sauf deux ou trois comme Repos d’un pêcheur dédié à Yvon Joyeux). Je les ai mis pour étoffer le recueil si on peut considérer cela comme une explication, mais je ne regrette pas.

La saynète du milieu : La tenancière et l’argousin est une histoire vraie qui s’est déroulée entre une tenancière d’origine étrangère et un fonctionnaire administratif…

Le dernier poème, Solstice d’hiver et ses épilogues c’était pour clore tout bêtement le recueil un 26 décembre comme nouveau départ et clin d’œil à ceux qui demandent toujours des explications…. que le plus souvent les auteurs eux-mêmes sont incapables de fournir.

Raymond Joyeux

 

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