Le lambi dans tous ses états
Le magazine Génération+(édition Guadeloupe) publie dans son numéro 7 de Septembre-octobre-novembre 2016 un fort intéressant article sur la conque de lambi utilisée comme instrument de musique. En cette période de pêche règlementée de ce mollusque marin, ouverte uniquement aux professionnels, rappelons-le, du 1er octobre au 31 janvier, il m’a paru opportun de vous présenter cet article. J’ai donc sollicité à votre intention l’autorisation des responsables de la revue qui me l’ont aimablement accordée, ce dont je les remercie vivement en votre nom. Je profite de cette occasion pour rappeler que deux chroniques sur le sujet ont été publiées sur ce blog les 25 septembre et 9 octobre 2013, alertant entre autres les lecteurs sur les dangers que représentent pour les tortues marines les folles à lambis et autres filets maillants, ainsi que pour leur développement, le déversement des conques vides sur les récifs coralliens. Deux articles illustrés de photographies parlantes prises par des plongeurs professionnels et publiées également avec leur autorisation. Un grand merci encore une fois au magazine Génération+ pour son aimable collaboration.
La conque marine, un instrument local insolite
Texte de Laurence ROGER
Pêchée en apnée à une dizaine de mètres de profondeur, le Strombus gigas ou mollusque géant des mers, révèle son patrimoine culturel mythique. Découvrons cette corne à tuyaux qui, en fonction de sa taille, promet un son singulier.
Transformation en strombophone mélodieux
Le « Kal » vient quelquefois avec une embouchure naturelle. Cependant, en faire un instrument peut résulter d’un travail de fabrication de cette embouchure, à l’aide d’un procédé de coupe de l’apex, et de chauffe. Ainsi, s’y imbrique un cône rigide ou arche lippale. Le son qui en sort est en fonction de l’allure du tuyau. Ce dernier en donne la hauteur, et c’est l’introduction de la main qui va faire varier la sonorité. Tout le reste s’harmonise autour de l’air, élément principal qui produit le son, des lèvres exprimant les tensions, tandis que le corps de la coquille se transforme en idiophone. Le joueur de conque racle, frappe, souffle, aspire et fait résonner son strombophone dont le timbre sera fonction du matériau naturel.
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Un passionné à la découverte d’une sonorité profonde
C’était il y a quatre ans. Au détour d’une énième réflexion, Gérard GROS, curieux de tout, s’intéressait de près à ce fruit que la mer donnait encore aux vivants ! Aujourd’hui, il présente fièrement 7 conques, pour 7 sons parfaits de la gamme de Do, et joue de plusieurs instruments à vent de la famille des saxophones.
http://www.promusika.fr/index.php/musique/portraits-de-professeurs/118-gerard-gros
Retour aux origines
Autrefois, les Amérindiens utilisaient la conque marine à des fins alimentaires et artisanales. Des lames tranchantes aux colliers, elle servait également d’objet de communication. S’il n’est pas rare, encore de nos jours, de la voir en tant qu’ornement funéraire, installée autour des tombes de terre, sur les mornes arrosés de sels, cette coquille spiralée de tons rosés, se fait entendre surtout en période de carnaval.
Tous nos remerciements renouvelés au Magazine Génération +, à l’auteur de l’article, Laurence Roger et à Jessy Govindama qui nous ont permis de vous présenter ce dossier.
Du temps de l’esclavage
Pour terminer cette chronique, ajoutons que la conque marine a aussi servi aux esclaves marrons comme instrument sonore de ralliement, comme le rappelle la statue ci-dessous érigée en hommage au Marron Inconnu, à Port au Prince, en Haïti, face au palais national.
Pour écouter : https://www.youtube.com/watch?v=CofUIR8mlkc
Bonne lecture et à la prochaine chronique.
Raymond Joyeux