Mars 2000, une première à Terre-de-Haut : le maire Robert Joyeux démissionne

Une page s’était-elle vraiment tournée ?
Rien n’est moins sûr

Robert Joyeux, 1er adjoint et maire de TDH de 1971 à 2000

Robert Joyeux, 1er adjoint et maire de TDH de 1971 à 2000

Mars 1971, le Docteur René Germain, originaire de Terre-de-Bas et Conseiller Général du canton des Saintes, est élu maire de Terre-de-Haut, succédant ainsi à Eugène Samson. Il a comme premier adjoint un certain Robert Joyeux, ancien militaire qui vient juste de prendre sa retraite. Au cours des 4 premières années de cette nouvelle mandature, la commune semble mise sur de plus solides rails et progressivement se modernise : embellissement, électrification, amélioration sanitaire, réfection des routes, ouverture au tourisme, aides à l’habitat. Malheureusement, pour des raisons ignorées, René Germain quitte la Guadeloupe avant la fin de son mandat, abandonne son poste à son ambitieux premier adjoint et laisse un conseil municipal sans âme et désorienté. Entre 1971 où, par délégation, il détient déjà pratiquement les rênes du pouvoir et  l’an 2000, année de sa démission, c’est pour Robert Joyeux la concrétisation d’un règne sans partage, particulièrement contesté, qui va durer près de 30 ans. Autocrate et dispendieux, ouvertement décrié par une bonne partie de la population, il est malgré tout élu et réélu quatre fois de suite.  S’instaure et s’amplifie alors  à Terre-de-Haut une ère de division, de clientélisme, de discrimination et de passe-droits qui plonge la commune dans la période la plus noire de son histoire en matière de pratique démocratique et de non maîtrise des dépenses publiques.

Une gestion budgétaire calamiteuse

 Dépenses inconsidérées qui aboutiront au premier grand déficit budgétaire, prélude à une seconde faillite intervenant quelques années plus tard avec son successeur. Sévèrement pointé du doigt par la Chambre Régionale des Comptes qui juge calamiteuse et passible de sanction sa gestion des deniers publics communaux, Robert Joyeux est contraint à la démission. C’est dans la lettre ci-dessous, non datée mais rendue publique en mars 2000, qu’il informe les Saintoises et les Saintois de sa décision, vraisemblablement imposée, selon ses détracteurs, par les autorités préfectorales pour lui éviter des ennuis judiciaires. Tout en précisant qu’il n’abandonne aucun de ses autres mandats, ceux de conseiller municipal et régional, tel un monarque de droit divin et anticipant le choix du conseil municipal, il désigne son dauphin en la personne de Louis Molinié. Lequel sera élu par ses pairs le 14 avril 2000 et reconduit dans ses fonctions l’année suivante, aux élections municipales de mars 2001, puis successivement en 2008 et 2014. Il reste à savoir si le successeur de Robert Joyeux fait mieux que lui en matière de pratique démocratique et de gestion budgétaire. Sur ce dernier point on peut déjà répondre que non puisque, pour mémoire, le déficit actuel de la commune de Terre-de-Haut, selon le dernier rapport de la Chambre Régionale des Compte, avoisine les six millions d’euros, soit trois fois supérieur en valeur constante, à celui des années 1990.

Un document pour l’histoire

Démisssion Robert Joyeux ret 2Le titre au-dessus de la lettre est d’un feuillet d’informations locales, L’Œil de l’Iguane, daté de mars 2000 

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2 commentaires pour Mars 2000, une première à Terre-de-Haut : le maire Robert Joyeux démissionne

  1. Duval Michel dit :

    Géographie oblige, la culture politique à Terre-de-Haut est plus proche de Port-au-Prince que de Westminster !
    Seuls les jeunes Saintois ayant connu autre chose pourront la changer s’ils le souhaitent.

  2. Piment doux dit :

    « On peut par la force ou la douceur faire coucher un chien, mais on ne peut l’obliger à fermer les yeux  » (proverbe africain)

    Ceux qui n’ont pas eu les yeux fermés, couchés ou non, ont reconnu l’esprit-guide de leur mauvais maître…

    Mais peut-être oublier, c’est à dire reléguer cette mauvaise et triste période au rang d’une insignifiance superficielle, ferait finalement juste mesure, tel un pet nauséabond se dissipant dans le vent de l’histoire.

    Comme le disait Paul Valery, « l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde ».
    Passant nous sommes.

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