La découverte du 4 novembre 1493
La période de la Toussaint devrait être pour les Saintois l’occasion de célébrer un triple événement. L’anniversaire tout d’abord de la découverte de notre Archipel par Christophe Colomb voilà 520 ans cette année, la fête des Saints ensuite, la commémoration enfin de nos semblables défunts.
Si le premier de ces trois événements est généralement passé sous silence, nous n’apprendrons rien à personne en rappelant que c’est à son deuxième voyage que Christophe Colomb, parti de Cadix le 25 septembre 1493, aperçut la Désirade, après 21 jours de navigation depuis les îles Canaries ; puis Marie-Galante et la Dominique le dimanche 3 novembre 1493. Et c’est au matin du lundi 4, qu’il baptisa notre petit Archipel Los Santos en se rapprochant de la Guadeloupe proprement dite pour y faire reposer ses équipages. Nous étions en l’octave de la Toussaint et le nom se féminisa par la suite en se francisant, d’où : Les Saintes.
La fête de tous les Saints
Quant aux deux autres événements, respective-ment célébrés chaque année le 1er et le 2 novembre par les catholiques, chacun sait que ce sont deux fêtes religieuses établies par l’Église de Rome aux 8ème et 10ème siècles. La première, codifiée par le pape Grégoire IV pour honorer les Saints et Martyrs, la seconde instituée en 998 par Saint Odilon, abbé de Cluny, pour commémorer les fidèles décédés.
La célébration des morts
Si les traditions varient d’un pays à l’autre, voire d’un cimetière à l’autre, quant à la manière d’honorer les morts en rénovant et en fleurissant par exemple les tombes avec tel ou tel type de fleurs, l’usage de les illuminer, s’il n’est pas universel, n’est pas non plus l’exclusivité des Antilles et encore moins des Saintes. Dans beaucoup de pays de par le monde, la tradition de l’illumination est bien établie, comme le montre la photo ci-dessus d’un cimetière polonais un soir de premier novembre.
Le petit cimetière de Terre-de-Haut
Pour revenir aux Saintes, il faut bien se rendre à l’évidence : le petit cimetière de Terre-de-Haut autrefois renommé pour ses modestes tumulus de sable, entourés de conques de lambis, remplacées chaque année en cette période, a perdu depuis longtemps son cachet et son originalité. S’il subsiste encore quelques rares sépultures traditionnelles, typiquement saintoises, régulièrement entretenues par les familles des défunts, la quasi totalité des tombes d’aujourd’hui sont des caveaux de béton qui ne présentent en soi aucun intérêt culturel ou esthétique, même si les guides touristiques persistent abusivement à recommander une visite du lieu, pour, prétendent-ils, « son pittoresque et son caractère unique exceptionnel », ce qui reste à prouver aujourd’hui mais qui était parfaitement vrai autrefois.
Les tombes de marins
Ce qui fait néanmoins l’intérêt de ce cimetière devenu trop petit, mais chaque année rénové et embelli par le nettoyage, la peinture et la remise en état des tombes et des allées, c’est le fait que pas moins de vingt-huit matelots et officiers de tout grade de la Marine nationale française y ont été inhumés entre 1838 et 1941, à une époque où les navires de guerre français faisaient escale aux Saintes et y étaient bienvenus.
Un monument en leur mémoire est édifié qui porte leurs noms et l’année de leur décès. Quant aux tombes elles-mêmes de ces marins morts et enterrés aux Saintes, on peut en répertorier aujourd’hui une petite douzaine pour la plupart surmontées d’une plaque de cuivre gravée, souvent difficilement lisible, d’une croix en bois ou d’une stèle de pierre mentionnant généralement leur identité, leur qualité, leur grade, leur région d’origine parfois, la date exacte et la cause de leur décès.
En cette année 2013 on ne peut que se réjouir de constater qu’un réel effort ait été accompli pour relever quelques-unes de ces tombes, désensabler les sépultures enfouies, entourer certaines de conques, repeindre les pierres tombales ou les stèles, allant même parfois, par excès de zèle, jusqu’à cacher sous la peinture blanche la marque tricolore barrant le haut de leur croix.
En attendant que les sépultures de ces marins soient totalement réhabilitées et leurs occupants parfaitement identifiés, les photos qui suivent sont un modeste hommage rendu à leur mémoire.
Et pourquoi ne pas imaginer qu’un jour on réunisse dans un carré qui leur serait réservé les restes et les tombes éparpillées de ces militaires ? Ce serait tout à l’honneur des autorités saintoises, et Terre-de-Haut se réconcilierait ainsi avec la Marine nationale qui a tant servi l’Archipel et ses habitants par le passé. Mais peut-être aussi qu’en les laissant mêlés aux sépulcres de la population, on perpétue les liens qui les unissaient aux gens du pays. Cette idée n’est pas non plus finalement à rejeter ! À vous, lecteurs, de donner votre avis et d’exprimer vos suggestions.
R.Joyeux
dommage pour les jolies tombes en lambis, l’ostentation va se nicher jusque dans les cimetières …
Bonsoir Mr Joyeux,
je me suis rendu souvent au cimetière de Terre de Haut .Je trouve que sa clarté et ses lambis sont plus propices que ceux de métropole pour adoucir la douleur de la disparition d’un être cher.
De plus,étant ancien marin moi même, les tombes de ces marins morts en service commandé ne me laissaient pas indifférent. Mourir loin des siens…dans un décor si magnifique de surcroît.
En 2012, j’ai retrouvé ces sépultures dans un état lamentable. Ces marins mouraient une deuxième fois ! J’ai donc contacté une association , » Le souvenir français « . Pour enrayer cette disparition annoncée je leur ai fait parvenir des photos de quelques années d’intervalle. Le représentant guadeloupéen est intervenu auprès de la mairie de TdH . Le double du courrier qu’il m’a fait parvenir rappelait à la municipalité le devoir qui leur incombait dans ce domaine.
Après mon séjour en septembre 2013 rien n’était fait ou plutôt à peine(croix tant bien que mal relevée et léger désensablage, bref le service minimum). Au retour dans ma Bretagne adoptive, je m’apprêtais à relancer le dossier lorsque un ami saintois me prévenait qu’enfin les choses bougeaient.
Je reviens me détendre sur mon « cailloux du bonheur » en novembre, j’irai donc constater , avec fierté je l’avoue, que ces marins ne sont pas oubliés.
Je penche pour votre version « mêlés aux sépulcres de la population… » car je pense qu’en ces temps anciens les uns appréciaient les autres, les uns avaient besoins des autres, les uns s’intéressaient aux autres, les uns apportaient aux autres ……….Et aujourdh’ui ?
Kenavo
ATHT
Je vous rassure concernant l’entretien des tombes des marins : mon dernier passage au cimetière date du 15 avril de cette année. J’ai constaté avec étonnement, mais aussi avec grand plaisir, que ces tombes avaient été entretenues : les conques bien disposées, le sable renouvelé et même des bouquets de fleurs. Certaines croix avaient été repeintes, mais le peintre a eu parfois la main lourde car le bleu blanc rouge à leur tête se devine à peine. Je vous félicite pour votre action qui apparemment a été suivie d’effet, il faut que les choses se sachent… J’ai quant à moi, l’an dernier, photographié et relevé toutes les inscriptions sur les croix de ces marins en vue de les intégrer à mon prochain recueil de poésie, en manière de mémorial, avant que le temps ne les efface à jamais. Merci pour vos commentaires.
Bonjour,
merci de me confirmer le renouveau de la tombe des marins. Je lirai avec plaisir le recueil de poésie les concernant.
Je me permet de vous envoyer des photos de 2012 pour que vous constatiez qu’il était temps de faire quelque chose. Je vous joins également des photos de soi disant la tombe de Jean Calo (né à Hennebont, à 3 km de chez moi), à côté de celle de son fils (Célérier). Est ce réellement sa tombe ? De plus connaissez l’historique de cette tombe qui se trouve près du « Saloko » en allant vers » la douceur des îles » ? Je n’ai trouvé aucune réponse avec mes amis saintois. En tout cas ce vestige mériterait d’être mis en valeur car je pense qu’il fait parti de votre patrimoine.
Joyeuses fêtes de Paques