Il y a tout juste un an Alain FOY nous quittait
Le compétiteur du Samedi Gloria
Nombre de Saintois se souviennent sans doute encore de la belle coutume aujourd’hui disparue des compétitions nautiques du Samedi Gloria. À la veille de Pâques, vers 9 heures du matin, au premier carillon de la résurrection des cloches, une flottille de petits voiliers prenait le départ du Fond-de-Curé ou du Mouillage pour la traditionnelle régate miniature de la fin du Carême liturgique.
Les jeunes suivaient à la nage leurs magnifiques petits yachts effilés que quelques semaines auparavant ils avaient amoureusement façonnés, artistiquement peints en bleu et blanc, lestés de plomb et gréés de voiles blanches. Les paris allaient bon train et l’enthousiasme général incitait nos armateurs de 14 ans à perfectionner leur coupe et leur gréement, à mieux équilibrer leur quille et leur lestage.
Parmi les jeunes constructeurs-compétiteurs de l’époque, un nom attirait déjà l’attention, un nom qui quelques années plus tard allait jusqu’en Martinique et au-delà se faire connaître des amateurs de Saintoises, de hors-bord, de vedettes et de yachts, celui d’Alain FOY.
Souvent vainqueur de ces compétitions pascales, s’évertuant à constamment amé-liorer ses voiliers miniatures, Alain se préparait une carrière dans la construction navale où devaient se révéler ses talents exceptionnels de concepteur, d’artiste et d’artisan hors pair. Rien d’étonnant alors qu’à sa sortie de l’école primaire à 15 ans, il n’ait qu’une idée en tête : devenir charpentier de marine.
L’apprenti
Sans plus attendre, il commence son apprentissage chez M. Georges Cassin, fils de l’ancien maire Benoît Cassin et professionnel reconnu dans la construction navale en même temps que maître-senneur. C’est sous l’égide de ce charpentier marin-pêcheur, réputé pour son sérieux, sa rigueur et sa touche personnelle de fabrication, qu’il acquerra les rudiments d’un métier qui allait devenir une passion et qu’il exercera toute sa vie, le faisant connaître et solliciter bien au-delà du bassin caribéen.
Son premier canot saintois, Alain le construira à 17 ans dans la cour de ses parents, en plein milieu du bourg de Terre-de-Haut. À cette époque les matériaux utilisés étaient principalement, pour la membrure le poirier local, pour la carène l’acajou rouge acheté en Guadeloupe. Le catalpa bord de mer, le calebassier et le bois du Nord entraient parfois dans l’assemblage, selon la fonctionnalité de la pièce à enchâsser. Et c’est avec son père, Klébert, personnage haut en couleur et célèbre du temps de la dissidence au cours de la Seconde Guerre mondiale, qu’Alain se rendra régulièrement au Grand-Îlet pour y choisir, abattre et ramener les billots de poirier susceptibles de servir à la construction.
Les premières commandes
Parallèlement à ses premiers essais de charpentier de marine grandeur nature, sans abandonner pour autant la réalisation de miniatures dont il orne le petit salon familial, il s’associe à son ami Geo PETIT avec lequel il s’adonne occasionnellement au culturisme. La cour de ses parents devenue trop petite, il monte avec Geo un premier vrai chantier à l’Anse-Mire afin d’honorer les commandes qui commencent d’affluer. Non point d’abord des pêcheurs locaux, mais de notables de Guadeloupe qui souhaitent qui un hors-bord, qui une vedette de haute mer, qui un petit yacht de simple plaisance. Entre temps, Alain a épousé Myriam Bélénus qui lui donnera quatre enfants avant de décéder prématurément à l’âge de 27 ans. Des années plus tard, il rencontrera UTE, jeune femme d’origine et de noblesse allemandes avec qui il se remariera et aura une petite fille prénommée Jasmine.
Les chantiers de Morel et du Marigot
Son entreprise prenant de l’importance, il crée en 1970 la Société Roche à Mauves et s’installe à Morel, avec pour principal actionnaire un financier bordelais du nom de Raymond Gabaret. L’entente entre les deux hommes se détériorant au fil des ans, Alain se sépare de son actionnaire et crée sa propre société. En 1977, en pleine campagne électorale, suite à la promesse d’achat d’une concession domaniale jamais concrétisée, il est inscrit sur la liste du maire sortant et signe un protocole avec la Municipalité de Terre-de-Haut qui lui permet d’occuper un terrain au Marigot directement ouvert sur la mer. C’est de ce nouveau chantier couvert que sortiront les plus belles réalisations d’Alain Foy, dont ses propres bateaux équipés de puissants moteurs et qui seront dans toute la Caraïbe, Guadeloupe, Martinique, et jusqu’aux Etats-Unis ses meilleurs ambassadeurs.
Peu de temps auparavant, les premiers moteurs hors-bord avaient fait une apparition qui allait bouleverser non seulement la pratique même de la pêche en Guadeloupe mais le type de canot utilisé. Les pêcheurs saintois, commençant timidement à s’équiper de ces moteurs, se rendront compte à la longue que la coque traditionnelle, profilée pour la voile, n’est pas du tout adaptée à ce nouveau moyen de propulsion. Alain ne sera pas le dernier à en être informé et à vouloir expérimenter par lui-même les inconvénients de la Saintoise traditionnelle équipée d’un moteur hors bord.
Naissance d’une nouvelle saintoise
Fort de son génie inventif, de son expérience de constructeur et d’homme de mer, Alain FOY ne tardera pas à imaginer et à mettre en chantier un nouveau type de coque au tableau droit et à la carène assise élargie, adapté à la fois au moteur, à la vitesse et à la haute mer. De son chantier naîtra, en contre-plaqué marine, la première nouvelle Saintoise que l’on connaît aujourd’hui et que tous les pêcheurs des Saintes et de la Guadeloupe archipélagique adopteront par la suite.
L’ère du plastique et de la résine
À son exemple, d’autres chantiers de construction voient le jour aux Saintes et Alain n’est plus le seul chez lui à réaliser des Saintoises nouvelle manière. Aussi laissant ses concurrents exploiter un brevet qu’il n’a pas déposé, il abandonne peu à peu ce type de coque mais garde le monopole des commandes de vedettes de pêche hauturière ou de plaisance. Sa renommée dépasse alors très largement les limites de la rade de Terre-de-Haut et son savoir-faire est connu et reconnu dans toute la Caraïbe et au-delà. Cependant, alors que les autres constructeurs vont utiliser les nouveaux matériaux que sont le plastique et la résine, Alain persiste à ne travailler que le bois, ne croyant pas à la résistance et à la noblesse des matières synthétiques. Mais, à l’usage, ces matériaux ayant fait leurs preuves, il n’a d’autre solution que d’en équiper son chantier et abandonne peu à peu le tout-bois. Une nouvelle ère était née.
Une référence reconnue et partagée
Décoré de la Médaille du Mérite Maritime, Alain Foy jusqu’à son dernier souffle a été un modèle d’amitié, de gentillesse, de tolérance et de conviction. Il a été emporté par une affection pulmonaire, à l’hôpital de Basse-Terre, le 23 octobre 2012, à l’âge de 75 ans. Travailleur infatigable et créateur hors pair de son vivant, nul doute que son nom, sa personnalité et son génie resteront dans le domaine de la construction navale saintoise et guadeloupéenne une référence majeure que ni les Saintois ni les Antillais en général ne sont prêts d’oublier.

Alain est conduit à sa dernière demeure
sur une Saintoise contruite par son fils du même prénom
Alain Foy Junior -Photo Mimi
Nous remercions vivement Cathy Foy pour nous avoir aimablement communiqué et permis d’utiliser pour ce dossier les photographies de son père Alain et de ses superbes réalisations.
Raymond Joyeux
Alain était un personnage vrai et entier. Je n’ai eu la chance de le côtoyer qu’assez peu de temps, mais suffisamment pur lui vouer une réelle affection. J’ai découvert de nouvelles facettes d’Alain dans le début de cet article, et l’ai reconnu dans le reste. Je rajouterais à ses qualités la modestie, l’humilité et la tête de cochon ! 🙂
C’est en lisant cette article et surtout en voyant la dernier photo, que je me rend compte que j’ai pas pu assister à l’enterrement d’un HOMMME, d’un cousin qui fut et qui sera quelqu’un de très important dans l’histoire de la construction nautique des Saintes, et pour cela je m’en veux énormément.
Bonjour Raymond,
je te remercie pour ton article qui rend un réel hommage à mon PERE, ce que je lie me fait replonger dans mon enfance, dans le journal intime de ma mère Myriam Bélénus, étant l’ainée de la fratrie FOY mon père était pour moi le bien le plus précieux que je pouvais procéder sur cette terre, et c’est une moitié de moi qui s’en est allée avec lui le 23 octobre 2012 à l’âge de 75 ans (pour correction dans ton article) Nous avons lors de son fatidique passage en France fêté les 26 ans de ma fille et honoré ses 75 ans, les 49 ans de leur différence, l’âge que je venais de fêter. J’ai toujours été fière d’être Dina la fille d’Alain FOY, fière de mon père en toutes circonstances, fière de ce qu’il m’a transmis, fière de ce qu’il avait réalisé « sa passion ». Un jour que je l’avais au téléphone il m’expliqua qu’il avait un ami qui c’était installé au Costa Rica et qui l’avait invité à faire de même, il voulait bien partir s’installer là bas à la seule condition que tous ses enfants et petits enfants partent aussi avec lui, je lui ai répondu « quand tu veux papa, je suis OP, je te suis avec mes enfants, tu vends tout et on part » pour moi suivre mon père à l’autre bout du monde, même les yeux fermés ne posait aucun problème, j’avais une entière confiance en lui, et surtout il fallait que je sois là pour veiller sur lui en terre étrangère.Je dois dire que depuis la mort de maman nous avions ses quatre enfants développés un fort sentiment de protection vis à vis de notre père. Comme tu le dis dans ton article, voilà déjà un an, hélas oui, le temps passant, atténuant la douleur, n’effaçant en rien le mal de son absence, le vide qu’il a laissé autour de lui, notre famille est comme un bateau navigant en haute mer sans son capitaine, livré à lui même. Merci à toi Ami fidèle de papa.
Merci Dina pour cet émouvant témoignage. Je prends note de tes précisions concernant l’âge d’Alain et la date de son décès. Je rectifierai directement sur l’article.
Alain était pour moi plus qu’un ami et j’ai eu l’occasion de l’exprimer lors de ses funérailles en l’église de Terre-de-Haut. Quelques mois avant sa disparition qui nous a tous ébranlés, il m’avait entretenu de son désir de mettre par écrit son parcours de vie et m’avait choisi pour ce travail. Honoré, mais doutant de mes capacités à le satisfaire, je l’avais encouragé à enregistrer dans un premier temps ses souvenirs afin d’avoir un support en vue de la rédaction éventuelle de sa biographie. Malheureusement le destin en a décidé autrement. Je reste néanmoins persuadé qu’une personnalité de son envergure méritait l’effort d’un tel projet. En cet anniversaire de son décès, je me devais de lui rendre hommage, quitte à commettre quelques impairs sur les dates, ce dont je m’excuse auprès de ses proches et des lecteurs.
Je te remercie encore, Dina, pour ton témoignage et tes précisions, et te transmets en avant première le début et la fin du dernier poème que j’ai composé pour mon prochain recueil, en pensant à ton père, et qui lui est dédié. Il s’intitule :
La ballade des cent canots
Pour Alain Foy
La baie résonne de vos noms
Ô vous barques de pêcheurs
Comme une chanson d’Aragon
Vos noms que je livre aux lecteurs.
Ils sont la musique des mers
Sur la portée de vos carènes
Ils chantent la vague et les airs
De la foule dans les arènes.
Avec leurs rimes de hasard
Vibrent en eux le cœur et le cri
Des matelots et de leur art
Les voici tels qu’ils sont écrits :
…/…
L’Américain – Nébuleuse – Jasmina
Pa Suiv – Avatar – Nautilus
Charanga – Bordeaux – O Mama
Mustang – Anthinéa – Cirrus
…/…
Saintoises ô beaux navires de chez nous
Dont les noms sont des oriflammes
Qui claquent dans le vent fou
Vous êtes du génie la flamme.
Si d’autres prennent la relève
Ainsi que vous avez suivi
Tous ceux qui loin de la grève
Ont tracé leur sillon leur vie
Vous, vous entrez dans la légende
Comme d’Aragon les Cent conscrits
Il faut vos noms qu’on les entende
À jamais tels qu’ils sont écrits.
Bravo ton poème est plein de vie, on a comme une chanson dans la tête en lisant. Merci encore
Comme beaucoup j’ai ressenti une très grande émotion à la lecture de cet hommage à Alain, merci Raymond.Hélas comme trop souvent le départ d’un homme désintéressé, amoureux du travail et de la vie provoque un déchirement familial: est-ce la douleur qui fait perdre la tête aux descendants ? comme s’est dommage…
Merci VonVon (j’aurai aimé plus que VonVon mais ce n’est pas grave). Merci de cette pensée, effectivement mon père était un homme désintéressé du profit, il vivait sa passion et seulement cela et sa famille comptait pour lui. je ne suis pas sur que seul le départ d’un homme désintéressé, amoureux du travail et de la vie provoque un déchirement familiale, je crois tout simplement que perdre un membre de sa famille, et surtout un parent est un déchirement pour n’importe qui qui aime son père ou sa mère… <> Pour être franche la douleur, la colère, la tristesse, font parties d’un processus normal après ce genre de choc!! et peuvent être à la base de réactions et comportements inexpliqués mais je suis un peu perplexe de lire que les descendants qui sont Mes sœurs Cathy et Yasmine , Mes frères Alain et Didier, et moi même, ayons perdu la tête??? Vos propos semblent un peu diffamatoire, mais à quoi peut on s’attendre de quelqu’un qui porte un tel pseudo débile comme VONVON???? Rassurez vous chaque famille a son lot d’incompréhension et de crise, la nôtre y compris c’est le propre de l’être humain, rassurez vous avons toute notre lucidité, bien entendu nous ne manquons pas de caractère comme notre père. Comme c’est dommage pour vous de ne pas avoir au moins « les coronesses » de vous montrer sous votre vrai visage VonVon.
Raymond Sorry, ne voit dans mon message aucun brin de colère, mais c’est avec mon flegme made in British que je me permets de remballer VonVon.
Pour atténuer cette petite polémique et y mettre fin, je me permettrai d’apporter plusieurs précisions :
– Dina, tu as raison, je n’ai personnellement aucunement connaissance d’une quelconque mésentente dans votre famille suite au décès d’Alain.
– La réflexion ultime de Vonvon, me semble-t-il, était plutôt d’ordre général, mais c’est vrai, on pouvait penser, vu le contexte, qu’elle visait aussi un cas particulier, d’où sa malheureuse ambiguité.
– Lorsqu’un internaute rédige un premier commentaire, il ne peut être publié qu’avec l’approbation du responsable du blog. Mais par la suite, les autres commentaires de ce même internaute se mettent automatiquement en ligne sans intervention du responsable, qui peut néanmoins les supprimer par la suite, s’il les voit et le désire. (Mais c’est parfois trop tard).
– Concernant les pseudos, certains auteurs de blogs demandent expressément aux internautes de les utiliser à la place du nom véritable pour éviter des usurpations d’identité. (Ce n’est donc pas spécialement une question de lâcheté, mais il se peut, c’est vrai aussi, que certains profitent de cet anonymat pour se lâcher abusivement, d’où une surveillance accrue du responsable pour éviter injures, grossièretés et diffamations)…
Enfin, Dina, concernant mon poème en hommage à ton père, je te remercie pour tes appréciations, et te l’enverrai en entier, si tu le souhaites, car je n’ai mis que le début et la fin. Tu peux me contacter directement par mail : raymondjoyeux@yahoo.fr.
Merci Raymond pour ce vibrant hommage à mon père. 47 ans de sa présence dans ma vie restent comme un tatouage de connaissance et d’amour gravés dans mon cœur.
Il me manque beaucoup.
Tes discours et des poèmes sont toujours très agréables à entendre.
Raymond, justes quelques rectifications:
-le bateau noir et blanc, il s’agit de Tornade er non pas de Mustang
-le petit cigare en bois vernis s’appelle Cirrus
-Mon père est à la barre de Jet 007 et non de Mustang.
Je te remercie d’avance de prendre en compte ces informations.
Cordialement.
Encore quelques erreurs de ma part ! Désolé Alain, mes informations sur le nom des bateaux n’avaient pas été vérifiées et pourtant j’ai une autre photo où Mustang est écrit en gros à l’arrière. Je ne l’ai pas insérée pensant que celle que j’ai mise était le même. J’ai la possibilité de rectifier et je te remercie pour tes précisions. Mais ton père a construit tellement de chefs d’œuvre que je m’y perds. C’est néanmoins impardonnable de ma part d’avoir tout mélangé. Merci encore et bravo à toi de prendre la relève, tu es le digne fils d’Alain, le Grand… et j’espère faire une chronique sur toi, si tu es d’accord.
Effectivement j’avais relevé cette petite confusion, j’avais un doute pour Tornade, j’avais pensé à Antinéa, j’attendais que Lainlain confirme… Merci Raymond
Superbe article, un très bel hommage. Cordialement Valérie Guiraud
Ça me fait vraiment plaisir de lire ce magnifique hommage (même avec 2 ans de retard) que tu as rendu à mon oncle et aussi cela m’a permis de connaitre l’histoire de ce chantier où j’ai passé tellement de temps pendant ma courte jeunesse aux Saintes et les années suivantes…Merci beaucoup et encore une fois : Bon vent à mon tonton!
Alain était un être d’exception … A la fois terre à terre et presque « rural » dans tout ce que ça comporte de beau, et visionnaire dans ses facultés créatives.
La disparition prématurée et inattendue d’Alain a surpris et ému tous les Saintois. Ce fut une perte inestimable pour Terre-de-Haut en matière de savoir-faire, de tolérance et d’amitié. Décidément c’est toujours les meilleurs qui partent les premiers, Alain étaient de ceux-là et ça ne me surprend pas que l’hommage que je lui ai rendu au nom de tous, voilà 2 ans, continue de susciter vos commentaires admiratifs sur ce personnage d’exception, comme vous dites, Phil, à juste titre.
Bonjour Raymond toujours touchée de relire ton hommage à Papa, le temps qui a passé très vite et en même temps permet de digérer la douleur, mais je sais qu’une partie de moi est morte avec papa.. Mais la vie nous offre aussi de quoi nous accrocher, voila deux ans en Mai que je suis Mamie d’une petite fille qui est un grand bonheur et un immense rayon de lumière et une réelle bénédiction pour moi.. J’avais imprimé ton texte et fait relié afin de garder en souvenir … encore thank you
Chère Dina,
Je ne voudrais pas me répéter, mais je dirai toujours, car c’est la vérité, que la disparition brutale d’Alain a été ressentie et l’est encore, comme une perte irréparable, pas seulement pour sa famille, ses enfants et ses proches, – ce qui est bien naturel et compréhensible – mais pour tous les Saintois et les gens de mer et de navigation qui le connaissaient et l’estimaient. Il est et restera dans le souvenir de tous, bien au-delà de nos îles, un personnage emblématique pour ses qualités de pionnier, ses talents et compétences en matière de construction navale, mais aussi pour son humanité exemplaire : compréhension, gentillesse, générosité, esprit d’initiative, de justice, d’amitié, d’ouverture… Autant que toi, je suis affecté par son absence mais je sais qu’il restera vivant dans l’histoire de notre commune comme un pilier de notre culture maritime. Un innovateur-né, un créateur génial dont le nom et l’œuvre sont inscrits pour toujours dans notre héritage patrimonial qu’il a contribué à faire connaître, aimer et grandir chez nous, mais aussi à travers la Caraïbe, aux USA et ailleurs, bien loin des frontières et des eaux saintoises. Avec toute mon amitié.