Une élection sans surprise
Le samedi 17 mars 2018 sera peut-être à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire politique de Terre-de-Haut. Avec l’élection de Louly Bonbon à la tête de la commune, en remplacement du précédent maire, démissionnaire d’office et condamné, faut-il le rappeler ? à dix ans d’inéligibilité, tous les espoirs sont en effet permis de voir s’instaurer chez nous une nouvelle gouvernance municipale. S’il renonce à agir dans la continuité de ces 50 dernières années qui ont fait tant de mal à notre collectivité, en prenant l’exact contrepied de la calamiteuse gestion de ses prédécesseurs, Louly Bonbon a toutes les chances non seulement d’initier l’indispensable redressement financier de la commune (plus de 6 millions d’euros de déficit), mais aussi à réconcilier les Saintois sur la base d’une fraternité retrouvée, vertu tant de fois appelée ici de nos vœux. (Voir notre chronique du 19 février 2018 : le nécessaire retour à la fraternité

Le futur maire Louly Bonbon en attente du vote – Ph. Raymond Joyeux
Un lapsus malheureux
Certes sa première prise de parole à la mairie le 17 mars dernier a été maladroite puisqu’ il a justement affirmé le contraire en évoquant cette fameuse continuité comme fil directeur de son action à venir. Mais oublions ce lapsus malencontreux et mettons sur le compte d’une émotion bien compréhensible une déclaration par trop spontanée qui va, nous le pensons sincèrement, à l’encontre de ses réelles convictions.
Condamné à suivre une voie différente
On peut en effet difficilement croire, le connaissant, que notre nouveau maire soit sérieusement persuadé que c’est en suivant les politiques précédentes qu’il pourrait apporter le sang neuf nécessaire à notre communauté. Car si la continuité évoquée est celle des malversations et autres amères fantaisies illégales et dérives budgétaires qui ont abouti au fiasco que l’on sait ; si c’est celle antidémocratique des rapports exécrables avec l’opposition, le personnel communal et une partie de la population, on serait vraiment mal barré. En d’autres termes, pour réussir ses deux ans de mandature avant les élections de 2020, Louly Bonbon est condamné à suivre une voie différente. Celle qu’il prônait en 2001, lorsque, membre actif de l’opposition, il fustigeait avec véhémence la politique désastreuse de l’époque. Politique inaugurée, 30 ans plus tôt par celui qui, lui aussi démissionnaire malgré lui, avait mis en place en l’an 2000 son successeur, et que ce dernier a poursuivie et fait plus qu’aggraver au cours de ses 18 tristes années de mandat.

Louly Bonbon, le nouveau maire, accroupi, 2ème en partant de la gauche
On nous rétorquera que, bien que très largement au-dessus du lot de ses autres collègues du même camp, Louly Bonbon faisait partie de la majorité municipale de 2014 avec à sa tête l’homme qu’il a remplacé le 17 mars 2018, et dont il fut 4 ans durant le cinquième adjoint. À ce titre, nous dira-t-on, il serait lui aussi comptable de tout ce qui a été reproché au précédent maire et que la justice a lourdement sanctionné. Mais ce serait aller vite en besogne et oublier qu’il s’est quelquefois abstenu de voter avec la majorité, preuve qu’il a refusé de cautionner systématiquement toutes les propositions souvent farfelues présentées au conseil municipal.
Lucidité, responsabilité, courage
Ces faits ne sont pas sans importance. À eux seuls ils tendraient à prouver que l’homme est lucide, responsable et courageux. Trois vertus parmi d’autres, que nous lui connaissions déjà, qui plaident en sa faveur et qu’il saura, nous l’espérons, mettre à profit pour redresser la commune et tendre la main à l’opposition dont il fut membre jusqu’en 2014 et au programme de laquelle il a naguère collaboré. Un programme qu’il n’a certainement ni oublié ni renié, que résumaient à l’époque les trois valeurs essentielles de Réalisme-Démocratie-Solidarité, raccourcis elles-mêmes en RDS, et qui n’étaient pas, loin de là, qu’un simple et creux slogan électoral.
Remettre à l’honneur ces trois valeurs essentielles
À Louly Bonbon de remettre à l’honneur ces trois valeurs fondamentales qui, qu’on le veuille ou non, sont la clé de voûte incontournable d’une action municipale digne de ce nom et qui nous ont fait cruellement défaut durant près d’un demi-siècle. C’est à cela que l’on jugera dans deux ans si une ère politique nouvelle avait vraiment commencé pour Terre-de-Haut le 17 mars 2018.
D’ores et déjà un réel sentiment de liberté
En attendant cette heure de vérité, force est de constater que, depuis la prise de responsabilité de Louly Bonbon à la mairie, consécutive à l’éviction de l’ex-maire et de son indéboulonnable mentor aujourd’hui abattu, (en tout cas nous l’espérons), un vent rafraîchissant de soulagement et de liberté semble souffler sur Terre-de-Haut. Sur le personnel communal d’abord en proie à toutes les brimades et les vexations que leur faisait subir un chef d’édilité maladivement imbu de son pouvoir ; sur nombre de nos compatriotes ensuite, interdits de parole et qui retrouvent aujourd’hui la liberté de s’exprimer sans craindre les réprimandes et les rappels à l’ordre. Les langues se délient et beaucoup qui ne se parlaient plus ont retrouvé le sens du dialogue en se soulageant de la chape de plomb qui leur avait été autoritairement imposée. C’est déjà un pas timide vers la fraternisation.
Un souhait unanime
Puisse notre nouveau maire, délaissant l’obsession maladive du pouvoir et ses pratiques abusives, prendre conscience de cet indéniable soulagement populaire. Puisse-t-il ne rien faire pour l’entraver, mais au contraire s’attacher à l’encourager. Car, fût-il à ses débuts totalement spontané, ce soulagement bienvenu, s’il est entretenu et pérennisé, serait alors pour lui un premier pari gagné sur l’avenir et sur l’accomplissement de ses deux prochaines années de mandature à la tête de la commune. C’est, nous le pensons sincèrement, le souhait que toute la population de Terre-de-Haut a exprimé le 17 mars dernier.
Raymond Joyeux

Samedi 17 mars 2018 : pour une fois une mairie pleine à craquer – Ph. Raymond Joyeux
Oui un grand espoir se lève : celui que Terre-de-Haut retrouve visage humain, au sens propre comme au sens figuré. Il y a tant à faire, tant de dégâts humains, matériels, financiers, un gâchis considérable. Mais avec beaucoup de pragmatisme, de courage et de travail les choses peuvent avancer vite désormais;
Bonne chance et bon courage à la « nouvelle » municipalité !
Je pense que cette jeune équipe est tout à fait capable de gérer la situation actuelle à terre de haut : Déchets, Vie sociale, Maitrise du tourisme et protection de ce qui nous reste en patrimoine. Bonne chance à toute l’équipe.
Enfin, à priori, la démocratie est de retour aux Saintes. Vive l’alternance et que la sérénité s’installe !