Du 12 au 28 mars : Le Printemps des poètes 2022…

Une fois n’est pas coutume. L’évocation de cet événement national est une primeur sur ce blog. Avec pour thème cette année, L’ÉPHÉMÈRE. Mais aussi en filigrane la forêt, l’arbre, la fleur. Ephémère comme le temps qui passe, comme le nuage au coucher du soleil, la fleur qui ne vit que « l’espace d’un matin » nous dit François de Malherbe. Mais aussi Ronsard dans sa célèbre

Ode à Cassandre :

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
  
Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Une présentation de Sophie Nauleau

Il en va des mots comme des chansons d’amour qui reviennent par
surprise au détour d’une voix, d’un souvenir, d’une émotion. « J’ai pris la
main d’une éphémère… » Dansait dans ma mémoire. Sans que je sache qui
le premier, de Montand ou Ferré, avait semé ce trouble de l’étrangère en
moi. Adolescents nous ne comprenions pas tout à cette romance des années
folles, ni même à ce poème que l’on disait roman inachevé, mais pressentions
ce mystère de « l’éternelle poésie » qu’Aragon dilapidait sans crier gare.
Une seule et unique voyelle, quatre fois invoquée, entre la fièvre, le
murmure, la foudre, l’imaginaire, l’insaisissable, l’à-venir, l’impensé, le
maternel, le fugace, la soif, l’énigme, le précaire, l’effervescence, le friable,
l’envol, l’impermanence… Plus vaste que l’antique Carpe Diem et plus vital
aussi, L’Éphémère n’est pas qu’un adjectif de peu d’espoir. C’est un surcroît
d’urgence, de chance et de vérité. Une prise de conscience toute personnelle
et cependant universelle, comme un quatrain d’Omar Khayyam, un haïku
d’hiver, un coquelicot soudain, une falaise à soi, un solstice d’été, un arbre
déraciné ou la vingtaine de numéros d’une revue de poètes du siècle dernier.
Il est temps de sonder à nouveau L’Éphémère. De ne pas attendre
à demain. De questionner ici et maintenant la part la plus fragile, la plus
secrète, la plus inouïe de nos existences.

Éphémère coucher de soleil à Terre-de-Haut – Ph. Raymond Joyeux

L’instant présent

J’avance sur la pointe
du temps
Je me faufile entre les bornes
de l’éternité
Clandestinement comme un voleur
Je dénoue de la durée
l’inconsistante présence
L’illusoire permanence
de l’instant.

Raymond Joyeux
Indécises Saisons
Les Ateliers de la Lucarne 2016

******

Personne n’est plus soi-même

Personne n’est plus soi-même quand la nuit guerrière
s’annonce, personne. On sent que l’ennemi n’est pas
loin, que chaque mur est dangereux et masque
des fureurs prêtes à fondre sur nous. Or le ciel – le

ciel est pleins d’étoiles filantes, on pourrait croire
qu’il suffit de faire un vœu pour que tout rentre
dans l’ordre, même la lune sourit aux fenêtres
inquiètes. Le monde semble paisible, il fait doux,

on aimerait entendre des rires, des voix chantantes,
pas ces tragiques coups de feu prêts à parler pour
nous. On touche du doigt le désastre, voici

les premières fusillades, on s’effondre, on rampe,
la mort boit, comme un ivrogne forcené, le sang
de ceux dont les chemins furent pourtant les mêmes.

Richard Rognet
Dans les méandres des saisons
Gallimard 2016

Nouveau Flamboyant du carrefour du dispensaire – Photo Raymond Joyeux

Bonne fête de la poésie à tous
avec une pensée solidaire pour le peuple ukrainien
honteusement massacré par un tyran.

Tout poème adressé au blog avec le nom de l’auteur sera bienvenu et publié dans les commentaires.
Merci pour votre participation.

Tourterelle à l’hibiscus, symbole de paix et d’innocence –
Photo Raymond Joyeux

Publié par Raymond Joyeux
le 14 mars 2022

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Un commentaire pour Du 12 au 28 mars : Le Printemps des poètes 2022…

  1. Liliane CORBIN dit :

    Bonjour, Raymond
    J’ai trouvé ce poème sur le site https://www.poetica.fr
    Il me touche et j’espère que comme moi, vous l’aimerez.
    A bientôt.

    Eternité
    Kamal Zerdoumi

    Un peu de nos morts
    vit en nous
    un peu de leur or
    luit en nous
    Ce sont nos étoiles
    dans la nuit du corps
    ce sont nos voiles
    dans l’ennui des ports

    La ressemblance
    nous lie aux ancêtres
    étrange alliance
    du temps et de l’être

    Kamal Zerdoum

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