Des déchets par-dessus la tête …
Existe-t-il de par le vaste monde une collectivité insulaire aussi petite et fragile que Terre-de-Haut (600 hectares, 1800 habitants), qui génère autant de déchets ? La question reste posée et les municipalités successives y sont confrontées de manière récurrente… depuis celle de Georges Azincourt qui, entre 1958 et 62, fut la première à instaurer aux Saintes un service communal de ramassage des poubelles. Certes, à l’époque – il y a 60 ans – ce ramassage se faisait, faute de mieux, par canot à rames avec rejet des déchets à la mer, mais c’était au temps où plastique et autres encombrants métalliques et électroniques n’étaient pas à la mode, et où le verre était consigné…
Un bien pour un mal ?..
Depuis peu, pour apporter sa contribution citoyenne à la résolution de cet épineux problème, et soulager par la même occasion la municipalité et le service public de voirie, l’Association ALISÉS s’est investie, à partir des nombreuses palettes qui jonchent le site de la déchetterie, dans la réalisation d’une série de petits conteneurs en bois, respectivement peints en jaune et vert et destinés au tri sélectif. L’initiative qui, à l’ère de l’individualisme forcené, mérite d’être signalée, ne semble pourtant pas, malheureusement, se révéler très efficace… pour le moment !
En effet, outre le manque de civisme de certains qui profitent pour y déposer carrément et sans honte chaque jour, leurs sachets d’ordures ménagères non triées, c’est au niveau de la régularité du ramassage que le bât blesse. Entre la commune et la CASBT (Communauté d’Agglomérations du Sud Basse-Terre), personne ne sait exactement qui est responsable de la collecte et du traitement des déchets déposés dans ces petits conteneurs. Si bien que, n’étant pas pour la plupart régulièrement vidés, alors qu’il n’y avait autrefois aucune ordure qui traînait aux endroits où ils sont installés, ce sont maintenant des amas de bouteilles en plastique, de canettes et autres résidus de consommation courante qui ornent le sol au pied de ces conteneurs le plus souvent archi bondés.
Incivilité et souci du bien commun
Notre propos n’est pas de distribuer, comme à l’école d’autrefois, bons points et bonnets d’âne. Mais il faut reconnaître qu’à Terre-de-Haut, alors que certains, bénévoles isolés ou au sein d’associations, s’évertuent à améliorer notre cadre de vie et à protéger notre belle nature, d’autres, indisciplinés et incivils, s’acharnent au contraire à les saccager. Et s’il ne faut pas accabler la municipalité qui, dans la mesure de ses possibilités financières, techniques et humaines, met tout en œuvre pour nous rendre la vie meilleure et apporter à son échelle sa pierre à la protection et la sauvegarde d’une planète déjà bien malmenée, reconnaissons que les instances communautaires dont nous dépendons ne sont pas en ce domaine totalement exemptes de critiques.
Si nous étions toutes et tous un peu plus responsables, davantage soucieux de notre environnement et du bien commun, et que chacun en ce qui le concerne faisait régulièrement et consciencieusement son travail, nos amis des ALISÉS, que nous félicitons au passage, ne verraient pas leur initiative sur le point de dégénérer en cauchemar… Et notre exceptionnel environnement serait mieux apprécié, à l’image de ce magnifique crabier prêt à prendre son envol…
Terre-de-Haut, 1er juin 2019 – Raymond Joyeux
Bonjour Raymond,
A quoi servent les caméras et les PV pour sanctionner ces infractions ?
Au rythme ou elles sont commises, le coût d’une caméra sera très très très rapidement amorti.
Un simple smartphone si à la mode à notre époque, pourra faire l’affaire, offrez en un à la police municipale, cela ne sera pas très couteux mais très rapidement rentable.
Toutes ces infractions peuvent être une grosse source de revenu pour une commune qui en a bien besoin.
Je crois que je vais me faire détester avec ce commentaire.
N’Y A-T-IL PAS UNE LOI QUI DIT QUE LES POLLUEURS DOIVENT PAYER.
autrement dit, en polluant,
ils INFORMENT LA SOCIETE QU’ILS VEULENT PAYER UN IMPÔT SUPPLEMENTAIRE,
je propose 100 € pour une première infraction, 150 pour la suivante plus une 1/2 journée de nettoyage municipale pour le coupable.
Bonne journée
Le bel oiseau dans la photographie ci-dessus n’est pas un « crabier » mais un « bihoreau violacé », qu’on voit de temps en temps mais pas très souvent aux Saintes pendant ses migrations saisonnières (par ex à Anse Galet fin décembre 2002 et 2012).
Merci Michel pour cette précision ornithologique.
« Bihoreau violacé » est certainement le nom scientifique de cet oiseau et, connaissant tes compétences en ce domaine, je te fais entièrement confiance. Cependant sur le site
http://www.faune-guadeloupe.com/article-3498728.html
on l’appelle aussi en Guadeloupe « crabier » car il se nourrit essentiellement de crabes. J’ai eu maintes fois l’occasion de l’observer et même de réaliser une video où on le voit en pleine action d’attaque et de déglutition.
Intéressant. Le site de l’ASFA mentionne en effet le nom de bihoreau violacé, utilisé ailleurs en Amérique, et le nom local de crabier, et indique qu’il est nicheur (non migrateur) en Guadeloupe.
S’il était nicheur également aux Saintes, il me semble qu’on le verrait plus souvent, comme les aigrettes blanches, mais il est vrai que je ne viens aux Saintes que 3 semaines par année.
Je soupçonne qu’il y vient de temps en temps faire une petite visite touristique, sans avoir à payer de billet de navette !? Mais Pedro avec son regard perçant a peut-être déjà observé des nids ?
Bonjour Michel,
Voici comment le RP J-B Du Tertre, dans son Histoire générale des Antilles, décrit le Crabier :
» Outre les hérons communs que nous avons en France et qui se voient assez communément aux Indes, il y en a une seconde espèce que les habitants appellent CRABIERS, parce qu’ils ne vivent que de crabes. Cet oiseau est de la grosseur d’un chapon, et ne lui cède nullement en bonté : il a les pieds jaunes, le col un peu plus court que celui du héron commun, la tête timbrée d’un beau panache d’égrette très fine et de couleur d’ardoise. Il en a aussi quelques-unes sur le dos. Cet oiseau a quatre taches jaunes, larges d’un pouce et longues de deux, sous le ventre, et deux aux deux cuisses qu’il faut couper fermement d’autant qu’elles sont amères comme fiel… »
/Users/raymondjoyeux/Desktop/MVI_1885.m4v
J’en parlerai dès que possible à Pédro. Il m’a affirmé pas plus tard que ce lundi (3 juin) avoir observé du balcon de son ancienne maison l’immense queue d’une baleine battre la mer au large de Grand’Anse. Il l’avait prise d’abord pour un voilier !… Pour ce qui est du crabier, je t’envoie ci-dessus un lien pour une vidéo à propos de cet oiseau.. prise en mai 2015 – mais j’ignore si tu pourras l’ouvrir.
Bien à toi.
Video d’un crabier en action. Fond Curé Mai 2015 – Vidéo Raymond Joyeux
Vous avez soulignez le réel problème dans tout ça « la dépendance de notre commune »! C’est le premier problème à régler pour pouvoir faire participer la commune dans son ensemble!
Simon, votre réflexion est parfaitement judicieuse. Tant que nous dépendrons des « autres » pour régler la plupart de nos problèmes, sans doute aurons nous peu de chance de les voir résolus correctement. Cela dit, comment sortir de cette dépendance ? Toute la question est là…
En réalité, le fait d’être membre d’une plus grande communauté (CASBT, devenue Grand Sud Caraïbe), devrait théoriquement nous aider sur tous les plans – elle a été créée pour ça. Mais si cette communauté est elle-même défaillante, nous en subissons les conséquences. Conséquences d’autant plus graves que, du fait de notre double insularité, nous sommes géographiquement isolés.
Donc comme vous le préconisez à juste titre, la solution serait de nous prendre davantage en mains et devenir moins dépendants des autres. Mais à quelles conditions ? 1- Avoir un budget communal en conséquence. 2 – Être collectivement plus responsables et disciplinés. 3 – Se respecter soi-même mais aussi les uns les autres… 4 – Aimer et sauvegarder davantage notre environnement… 5 – Accroître le rôle éducatif des familles et de l’école… Et on pourrait allonger la liste…
Les choses ne sont donc pas aussi simples qu’on le voudrait… Peut-être que dans 15 ou 20 ans ! si les dieux nous sont favorables (et encore, là aussi une nouvelle dépendance. Divine, cette fois, mais dépendance quand même !!!)..
N’oublions pas néanmoins le proverbe : « Aide-toi et le ciel t’aidera » ! Pourquoi pas ? si ça peut servir… Cordialement. Et merci pour vos commentaires participatifs et pertinents.
Je l’ai déjà souligné dans un précédent sujet !! A quand une « Collectivité Outre Mer » pour l’archipel des Saintes ??? Et pourquoi ne pas voir avec St Barth comment est géré le problème des déchets ? C’est également une Ile
Intéressant de voir que le nom créole de crabier a été inventé par les premiers colons français arrivés aux Antilles à la fin du XVIème siècle, comme l’indique le RP et naturaliste Du Tertre.
Selon l’AEVA (Association pour l’Étude des Vertébrés [oiseaux] des Antilles), ce nom créole a été associé à différents types de bihoreaux, hérons et aigrettes (crabier = bihoreau violacé; crabier grosse tête = bihoreau gris; grand crabier blanc = grande aigrette; crabier radar = grand héron), alors que d’autres types de hérons ont été appelés en créole des kio (kio = héron vert; kio blanc = héron garde-bœufs; kio jaune = petit blongios), et d’autres types d’aigrettes appelés en créole des « hérons » (petit héron bleu = aigrette bleue; héron tricolore = aigrette tricolore).
De quoi y perdre son latin et son créole pour les ornithologues amateurs ! D’où l’utilité de rajouter le terme français à côté du terme créole.
Le terme crabier est certes plus joli et poétique que le terme bihoreau, mais il est un peu ambigu, étant donné que les crabiers ne se nourrissent pas que de crabes mais également de grenouilles, burgaux et insectes, selon l’ASFA mentionnée plus haut par Raymond. Quant aux kio et « hérons », ils ne dédaignent pas non plus à l’occasion un petit crabe !
Aujourd’hui à TdH le crabier n’est apparemment pas un résident permanent mais un visiteur occasionnel en provenance de Guadeloupe. Il l’était peut-être quand l’étang Bélénus existait encore, avant d’être remplacé par l’aéroport. Marais et étangs sont en effet les habitats naturels de ce type d’oiseaux.
La même chose pour les kio et « hérons », alors que les kio blancs et grands crabiers blancs sont plus communs à TdH.
À la suite de la publication de cette présente chronique, le Président de l’Association ALISÉS, initiatrice du projet des poubelles me signale que des erreurs s’étaient glissées dans mon article. Tenant compte de son message, je vous propose de trouver ci-dessous le rectificatif reçu ce jour, vendredi 26 juillet 2019, avec toutes mes excuses pour les imprécisions relevées :
« Bonjour Raymond
Les poubelles ont grandement amélioré la situation sur l’île bien que certains ajustements soient à faire avec la CASBT. En preuve, votre ruelle qui est propre alors que celle d’à côté est dans un triste état.
Les exemples (d’amélioration) sont cependant nombreux. Le citystade est désormais propre tout comme la place du marché où les jeunes font le tri par eux-mêmes ! Ils ont d’ailleurs pris une deuxième poubelle de recyclage.
Je serai ravis de pouvoir échanger *objectivement* avec vous sur l’ensemble des améliorations apportées par la mise à disposition de ces poubelles.
Les quelques mauvais exemples de collecte par la CASBT ne doivent faire oublier l’amélioration réelle des conditions environnementales, d’ailleurs favorables au Développement de ce magnifique Crabier ! »
Dont acte. Ayant vu quant à moi dans cette opération une « belle initiative », comme il est précisé dans le titre de la chronique, et ayant réitéré par la suite, à plusieurs reprises, mon enthousiasme, je me réjouis de cette mise au point ainsi que du ramassage régulier de ces poubelles. Ce qui balaie d’un coup toutes mes inquiétudes de dysfonctionnement.
Puissent les améliorations annoncées se poursuivre pour le bien-être de tous, et l’Association Alisés continuer son œuvre écologique au service de la collectivité et de notre environnement. Ce dont nous ne cesserions jamais de les remercier.
En remerciant aussi son Président pour ses précisions et ses actions positives, j’ajoute que j’ai personnellement surpris plusieurs usagers – dont des plaisanciers – à venir verser dans ces conteneurs leurs sacs de déchets ménagers sans tenir compte des indications de tri portées sur les conteneurs. Mes observations à leur encontre n’ont hélas jamais été suivies d’effet !
Quant aux employés chargés du ramassage, il serait judicieux qu’ils tiennent compte eux-aussi du tri en ne versant pas l’ensemble du contenu des poubelles dans le même sac, mélangeant ainsi la totalité des déchets. Chose vue aussi de mes yeux. Mais il n’est nullement dans mes intentions de leur jeter la pierre car sans eux, sans les bénévoles d’Alisés et du civisme de tous, notre commune ne serait pas aussi belle et propre qu’elle est aujourd’hui ! Bravo à tous.