En cette période d’hivernage où nous subissons dans nos îles les caprices de la météo, (pluies, vents, raz de marée, dépressions, cyclones, ouragans), accompagnés parfois de terribles catastrophes, je vous propose ce poème de la poétesse guadeloupéenne Josée LATIVE. Institutrice et ancienne directrice d’école à Saint-Claude en Guadeloupe, elle a obtenu pour ce poème la Médaille d’argent au 8ème Grand Concours de l’Académie de Lutèce, à Paris en novembre 1976. (Sujet imposé : la mer.)

Josée LATIVE interprétant un de ses poèmes – Année 1976
De ma fenêtre, je vois et j’admire
Les vagues qui viennent et se retirent,
Puis reviennent, dans un ultime bond,
Mourir lentement, sur le sable blond.
Brusquement, les lames se précipitent.
Elles avancent, reculent, hésitent,
Puis envahissent la petite baie,
Reculent encor, dressent une haie.

Vague : Tableau d’Alain Joyeux
Les vagues se succèdent et déferlent ;
Elles se brisent et pleuvent en perles.
Les flots, soudain déchaînés, escaladent
Les dunes et retombent en cascades,
Puis charrient tout et tout sur leur passage.
Ensuite, ils ramènent sur la plage
Tout ce qu’ils ont pu arracher, racler
Au sein de l’océan bouleversé.

Mer déchaînée et sargasses à Grand’Anse. Photo Alain Joyeux – Juin 2018
Maintenant c’est un vacarme infernal
Une danse endiablée ou un vrai bal
Aux tristes échos sonores, bruyants,
Une sarabande au rythme assourdissant.
Une vague affolée dans un éclat,
Se heurte à ma maison avec fracas.
le bourg s’affaire ; les embarcations
sont tirées avec mille précautions

Raz de marée à Fond Curé, Terre-de-Haut – Photo Raymond Joyeux – Juin 2018
En pleine rue. Mais chacun s’inquiète
Et de sécurité il est en quête ;
Déjà notre sœur, la Martinique
Est dévastée. Prise de vraie panique,

Les embarcations sont tirées en pleine rue – Photo Raymond Joyeux – 1974
Je quitte ma fenêtre. « Oh ! là! là!
Qu’adviendra-t-il donc de nous si Beulah *
Nous visite ? » Ainsi va ma pensée
Je suis très absorbée par cette idée.
Mais peu à peu, la mer en furie se calme
Les cocotiers joyeux bercent leurs palmes.
Vers le soir, les eaux redevenues sages,
Se retirent en laissant sur la plage

Le beau temps revenu, « les cocotiers joyeux bercent leurs palmes « – Ph R. Joyeux 2018
Un amas de débris hétéroclites
Et de ce raz de marée on a vite
Oublié les dégâts. La vie reprend
Son cours normal, sans grands incidents,
Dans la belle île de Terre-de-Haut
Dont on pourrait dire « Toujours plus haut ! »
Josée LATIVE
* Beulah : violent cyclone qui détruisit la Martinique en 1967
Ce texte est extrait d’une brochure syndicale de l’Enseignement public
de Guadeloupe, datée de l’année scolaire 1976 -77

Je vous souhaite à tous des vacances reposantes et méditatives à l’exemple de cet impassible pélican – Photo de Raymond Joyeux prise à Terre-de-Haut en Juin 2018
Très joli, on s’y croirait. Bonnes vacances Raymond.
Merci Alain pour ton commentaire. En Bourgogne pour quelques jours avant une escapade de 2 semaines en Irlande, je te souhaite à toi aussi et à ton épouse un bel été, peut-être dans ta Bretagne natale, cette belle région que j’apprécie.
L’Irlande , voilà un pays magnifique. Dublin et ses alentours montagneux, des irlandais accueillants…J’ai aimé.
Très joli poème. Je ne me souviens pas de cette institutrice à Terre de Haut dans les années 70.
Par contre la photo intitulée « Les embarcations sont tirées en pleine rue – Photo Raymond Joyeux – 1974 » ça oui ! j’ai des souvenirs de ces moments où on voit bien que l’Union fait la force.
Bonnes vacances.