Jeudi 1er mars 2018
Date importante pour nos deux ex-étudiants parisiens aujourd’hui diplômés, Anne et Alexandre, déjà présents et mentionnés lors de nos périples à Rome en 2014, en Périgord et en Scandinavie en 2016, en Pologne en 2017… (voir les précédentes chroniques sur ces sujets). Profitant des congés de février et fuyant les grands froids sibériens de la métropole, les voilà momentanément en Guadeloupe, qui nous emmènent à la découverte du milieu marin de notre belle région. C’est la gracieuse Anne, experte en plans pas foireux du tout et grande manipulatrice du clavier et d’Internet, qui, comme d’habitude, nous a concocté cette sortie exceptionnelle. Un clic sur le site de Guadeloupe Évasion Découverte (Ged) https://www.guadeloupe-evasion-decouverte.com et la réservation est enregistrée pour le jeudi 1er mars.
Une journée particulièrement ensoleillée
Pour arriver à Deshaies à l’heure du départ du petit catamaran, il faut quitter Pointe-à-Pitre de bonne heure, car même si c’est dans l’autre sens que le monstrueux embouteillage du matin bloque la circulation, des aléas de parcours sont toujours possibles, et pas question de rater la sortie programmée. Après le mauvais temps relatif des jours gras, le soleil revenu s’est installé durablement sur l’archipel. Il est 8 heures et la mer promet d’être belle : conditions idéales pour une rencontre amicale avec les cétacés.
Recommandée par le Parc National de la Guadeloupe
Partenaire entre autres du Parc National de la Guadeloupe et de l’Agence des aires marines protégées (AGOA), Guadeloupe Évasion Découverte est une entreprise touristique à vocation écologique, versée comme son nom l’indique dans la découverte et la protection du milieu naturel maritime guadeloupéen. Elle propose des sorties en mer pour l’observation des mammifères marins, mais aussi des excursions dans la mangrove et les ilets du grand cul de sac. L’une de ses principales activités est de permettre la recherche et l’observation de plus d’une vingtaine de mammifères marins évoluant dans le sanctuaire dévolu aux cétacés, principalement sur la côte occidentale de la Guadeloupe, dite Côte sous le vent..
Une espèce sauvage aux apparitions imprévisibles
Sitôt montés à bord, pieds nus mais casquette ou chapeau solidement fixé sur la tête, bardés de crème solaire, nous sommes prévenus : animaux sauvages, libres de leurs déplacements, nos amis les cétacés du large ne nous attendent pas pour se montrer comme de vulgaires bêtes de cirque bien dressées et obéissantes. Claire et Cédric, nos deux sympathiques et prévenants accompagnateurs, nous expliquent les inattendus de l’expédition : nous pouvons très bien revenir bredouilles et frustrés, comme, au contraire, la tête pleine d’images insolites de dauphins joueurs et gracieux, de grands cachalots placides, de globicéphales facétieux et de mythiques baleines à bosse, fières d’exhiber leur étonnante gibbosité…
Un hydrophone pour repérer les mammifères
À l’occasion de cette sortie en mer à vocation pédagogique, les explications de Cédric nous seront fort utiles pour nous permettre de participer activement à la recherche des animaux et de les identifier facilement au besoin. Mais, pour le moment, après une petite heure de navigation apparemment au jugé, rien ne se montre à l’horizon, ni aux abords de notre catamaran. Seule la mer scintille sous le soleil, sans aucune nervosité chez la vingtaine de passagers qui savent qu’ils ne sont pas maîtres de la nature et qu’il serait inutile de s’impatienter. C’est alors que Claire, ayant coupé le moteur, se charge de son hydrophone et tente de repérer une présence, assistée de Cédric en alerte sous des écouteurs.
Enfin jaillit un cri …
Là, là, là !… Et ce n’est pas une fausse alerte ! En même temps que Claire revenue à son poste de commande, un observateur plus attentif que les autres a repéré, juste devant notre étrave, un jaillissement d’écume, signe de la présence d’une petite compagnie de dauphins. Cédric, en marin expérimenté, grimpé sur le pont d’observation, confirme la bonne nouvelle. Alors, au risque que l’eau rentre par l’avant, tous, nous nous précipitons à la proue du petit navire pour admirer les évolutions de nos amis. Ce sont de grands dauphins à dos sombre qui nous accompagnent en un grandiose ballet de nage acrobatique et de petits sauts joyeux, juste pour nous saluer et montrer leur étonnant savoir-faire. Durant près d’une demi-heure et par deux fois, ces splendides animaux nous offrent le privilège de leur présence et de leurs facéties. Notre expédition est sauvée, nous savons d’ores et déjà que nous ne rentrerons ni bredouilles ni frustrés.
Pourtant la recherche continue
Forts de cette première et inoubliable observation, l’espoir naît en nous de faire d’encore plus spectaculaires rencontres. Tels des capitaines Achab du Moby Dick, nous voudrions apercevoir « notre » baleine, sinon blanche, du moins à bosse, comme nous l’a si bien décrite Cédric. Aussi, après une demi-heure de navigation sans succès, monteur coupé, Claire replonge son hydrophone à l’arrière et Cédric coiffe ses écouteurs. De forts signaux sont perçus, mais trop lointains et que nous poursuivons en vain. D’autant plus qu’un gros plaisancier traverse à grand bruit le sanctuaire, nous enlevant tout espoir d’une nouvelle récompense. En dépit d’une observation à la jumelle d’Alexandre, nous regagnons la base nautique, ayant devant nous jusqu’à Deshaies, une heure et demie de navigation…
Retour au port
Il est près de 13 heures. Ayant découvert Terre-de-Bas par le Sud, nous avons largement dépassé l’horaire prévu. Mais Claire et Cédric, en amoureux eux-mêmes de nos visiteurs aquatiques, ont voulu nous gratifier de davantage d’observations. Ce sera à coup sûr pour une autre fois. Nous mettons le cap sur le port de Deshaies, plus que satisfaits de cette sortie à laquelle un planteur bienvenu, gracieusement servi à bord et joliment aromatisé, vient mettre un sympathique point d’orgue. Nous adressons un grand merci à Claire et Cédric et à Guadeloupe Évasion Découverte pour leurs actions en faveur de la préservation des cétacés de Guadeloupe. Ils contribuent ainsi à les protéger et à mieux les faire connaître à nos compatriotes insulaires et métropolitains, mais aussi aux étrangers qui nous ont accompagnés en ce jeudi ensoleillé du 1er mars 2018. Et pour finir et atténuer leurs imprudents coups de soleil, un merci particulier à Anne et Alexandre qui nous ont concocté cette expédition maritime hors du commun, en attendant l’été prochain pour une balade irlandaise déjà programmée…
Texte et photographies : Raymond Joyeux