En route pour Kraków
Après une bonne nuit de sommeil réparateur, n’ayons pas peur des clichés ! les fatigues du trajet depuis Montceau commencent à s’estomper. L’enthousiasme règne dans le groupe et c’est de bonne grâce, ce mardi 2 août, que tout le monde, requinqué par l’habituel copieux petit déjeuner, obtempère aux injonctions de notre ami Daniel : notre bus est prêt à démarrer. Un ultime comptage, une courte prière en polonais par Tadeusz qui nous recommande aux dieux de la route et nous voilà partis pour une longue journée ensoleillée de visite à Kraków.
Kraków, Cracovie en français, est la capitale historique du royaume de Pologne. Supplantée depuis 1596 par Varsovie, l’actuelle capitale située plus au nord, elle ne reste pas moins l’une des villes du pays la plus chargée d’histoire, de monuments prestigieux, tant civils que religieux, de trésors architecturaux les plus célèbres d’Europe … C’est dans cette ville que les rois se faisaient couronner et c’est le siège de l’université Jagellonne qui date du XIVème siècle. Université où ont étudié, à cinq siècles d’intervalle, l’astronome Nicolas Copernic, (1473-1543) et celui qui n’était pas encore canonisé, le futur Pape et Saint, Jean-Paul II, de son vrai nom Karol Wojtyła (1920-2005), dont nous visiterons plus tard la ville natale et la demeure familiale.

Cour intérieure de l’Université Jagellonne
Le château de WAWEL et sa cathédrale
Outre sa célèbre université, Kraków abrite les prestigieux et incontournables Château de Wawel et sa Cathédrale, édifiés sur une colline fortifiée dominant la Vistule. Un guide, (ou plutôt une) – époustouflant d’érudition, (même si elle hésite à traduire jusqu’au bout les inscriptions et titres latins des tapisseries, extraits de la Bible !) – une guide, disais-je, nous attend pour nous expliquer dans les détails et en français l’historique de chacune des salles avec sa collection de portraits, de tapisseries, de bijoux, d’armures… Nous sommes éblouis par tant de richesses artistiques et de trésors amassés au cours des siècles, dont les joyaux de la couronne, (comme il se doit !), mais aussi par les effets architecturaux, la plupart d’époque, certains, dégradés par les guerres et le temps, ayant été reconstitués à l’identique. Les groupes de visiteurs se croisent avec leur guide entre deux portes monumentales de cette Tour de Babel aux multiples tonalités de langage. C’est l’été, saison touristique par excellence, et la Pologne, l’un des pays les plus visités d’Europe de l’Est, et riche de ses attraits et de son histoire, n’échappe pas à la règle.

Là-haut sur la colline…
Malheureusement aucune photo n’est permise à l’intérieur, règle compréhensible, surtout à cause des flashes qui altèrent les couleurs, mais règle que certains, en douce, ne se privent pas de contourner allègrement… Nous visitions dans la foulée la cathédrale, de style gothique et ses nombreuses chapelles baroques, ajoutées au fil des siècles. Seule la crypte échappe à nos déambulations : c’est pourtant là que se trouvent les tombeaux des rois de Pologne, mais aussi celui – très controversé – de l’ancien président Lech Kaczyński, décédé en 2010 dans l’accident de son avion à Smoleńsk, et frère de l’actuel président du parti conservateur le PIS.

Un ensemble architectural unique : le château royal de Wawel et sa cathédrale

La cour Renaissance du château et ses colonnades
Visite de la vieille ville et de l’ancien quartier juif de KAZIMIERZ
Après Wawel, nous gagnons au pas de charge, au pied de la colline, la station de départ des voiturettes électriques, que, très inspirés, Daniel et Tadeusz nous ont réservées, comme à Wrocław. Aussi, c’est ensemble mais en trois groupes distincts, et tranquillement installés à l’ombre, que nous nous lançons à la visite guidée de la vieille ville de Cracovie avec sa superbe place médiévale, Rynek Glówny, la plus grande d’Europe, la Basilique Sainte-Marie, appelée aussi Basilique Notre-Dame, érigée en l’honneur de l’Assomption de la Vierge Marie, entre le XIIIème et de début du XVème siècle. Mélange d’architecture gothique et de style Renaissance, cette église est également célèbre pour son monumental retable de Wit Stwosz qui domine le chœur de ses 13 mètres de hauteur sur 11 de large, qu’il est interdit bien entendu de photographier mais que l’on peut retrouver facilement sur Internet.
Toujours en voiturettes, nous parcourons l’ancien quartier juif de KAZIMIERZ, centre historique et social des Juifs de la ville jusqu’à la seconde Guerre mondiale. Autonome à ses débuts mais rattaché à Cracovie en 1872, ce quartier de la ville fut fondé en 1335 par le roi Casimir le grand qui lui donna son nom. Autrefois entouré de murailles, il accueillit pendant plusieurs siècles la communauté juive de la ville mais aussi de nombreux réfugiés israélites venus des pays d’Europe centrale où ils étaient persécutés. La présence d’un ghetto témoigne de l’existence cloîtrée des membres de cette communauté, liquidés par les SS en mars 1943, à l’instar de celui de Varsovie de tragique mémoire.
Synagogues et autres monuments furent alors érigés dont on retrouve aujourd’hui les traces et même l’intégralité, comme l’ancien hôtel de ville transformé en musée ethnographique et 7 synagogues dont encore une est ouverte au culte. Certaines de ces synagogues sont en rénovation, d’autres servent de salles d’exposition très appréciées des touristes qui parcourent rues, cours et placettes chargées souvent d’une histoire tragique, conséquence directe des atrocités de la guerre. C’est dans cet ancien quartier juif hébergeant une célèbre usine que le réalisateur Steven Spielberg tourna, sur les lieux mêmes des événements relatés, plusieurs scènes de son film : La Liste de Schindler.
Repas et quartier libre l’après-midi
De retour à notre point de départ, nous nous retrouvons tous au restaurant Hawełka situé non loin de la Grand’Place à deux pas de la Basilique Notre-Dame. Le décor est somptueux et la bière frappée à souhait est la bien venue. La soupe froide à la betterave ouvre agréablement le menu « presque trop copieux » … même pour nos trois jeunes végétariens condamnés volontaires aux salades composées et à l’éternel fromage pané. Si la salle est climatisée, la chaleur extérieure se marie parfaitement à la glace-dessert de fin de repas. Un petit café clôt ce moment reposant de convivialité et nous voilà repartis – à pied cette fois et délaissant le groupe – à la découverte de la ville : l’université, l’intérieur de la Basilique, une ou deux autres églises, la Halle aux draps sont nos principaux points de prédilection. Et, comme le souligne si bien Jean-Christophe Bailly dans ses « Voyages en France » – Éditions du Seuil, avril 2011 – : « Aucun aménagement exagéré, aucun fléchage absurde ne vient perturber ici le mouvement naturellement sans règles de la flânerie… »
17 heures : retour à l’hôtel
Mais, avec Daniel et Tadeusz, les deux patients anges gardiens de notre expédition, on ne badine pas avec les horaires. Rassemblés au point de RDV, les cabas pour certaines bien remplis, nous nous apprêtons à regagner notre hôtel loin du centre-ville. Rassurez-vous ce n’est pas dans le carrosse de la photo ci-dessous, si beaux soient les chevaux, que nous nous embarquerons pour le Jurajski. Mais bien, hélas, dans notre bus diesel habituel, dont les chauffeurs nous accueillent toujours avec le sourire et sans réflexions désagréables malgré nos fréquents retards : de vrais princes polonais, discrets, silencieux, courtois et particulièrement prudents !
Cette journée bien remplie du 2 août n’est pas terminée pour autant… une animation musicale, concoctée par D et T, est prévue au souper à l’hôtel Jurajski : nous allons de surprise en surprise. Nos organisateurs ont vraiment bien fait les choses, et nous ne sommes qu’au deuxième jour !
Texte et photos : Raymond Joyeux