Pentecôte 2016, les Saintois privés de Fête de la pêche

Au départ une Association reconnue par tous

Panneau pêcheLes communes insulaires de Terre-de-Haut et de Terre-de-Bas sont par définition les localités les plus maritimes de toute la Guadeloupe, et ce, de par leurs dimensions réduites, davantage que les autres îles de notre archipel : Marie-Galante, Saint-Barthelemy ou Saint-Martin. Seule la Désirade de même configuration géographique pourrait rivaliser avec elles en ce domaine. Mais les Désiradiens sont plus imprégnés de ruralité que des métiers de la mer. Or qui dit mer de toutes parts, dit forcément marins et par obligation de survie, marins-pêcheurs. C’est donc logiquement aux Saintes qu’on trouve le plus grand nombre d’inscrits maritimes du département, en tout cas de professionnels de la mer. Et tout aussi logiquement, ces derniers, au cours des ans, n’ont eu de cesse, pour s’entraider et défendre leurs intérêts communs, que de se regrouper en syndicats ou associations.

Livret de 1934 ayant appartenu à P.E. Joyeux

Livret syndical de 1934 ayant appartenu à Paul-É Joyeux

Un dossier sur le sujet a été réalisé ici-même au mois de février 2015 que vous pouvez retrouver sur le lien : Un document historique exceptionnel : le manuscrit du premier syndicat saintois. Dans la lignée de ce premier syndicat, datant de 1905, puis de celui de 1934, baptisé L’Union fraternelle, les marins-pêcheurs actuels des deux îles ont créé en 2002, à l’initiative de Georges PINEAU, l’Association des Marins-Pêcheurs Saintois (AMPS), regroupant les adhérents des deux communes, sans discrimination ni exclusion. Depuis sa création, sans discontinuer jusqu’en 2015, cette association, reconnue par tous à ses débuts et fonctionnant à merveille sans accro depuis 14 ans, nous gratifiait chaque année, sur trois jours à la Pentecôte, d’une Fête de la Pêche et des Pêcheurs, seule manifestation locale mettant en valeur l’activité traditionnelle par excellence de nos deux communautés, attirant par un riche programme culturel, musical, gastronomique et festif, (concours de pêche, conférences, bal public, repas convivial aux poissons et fruits de mer, jeux divers, tombola…) un public toujours plus nombreux venu non seulement des Saintes, mais de toute la Guadeloupe et au-delà.

Fête de la pêche 2015 à Terre-de-Bas

Fête de la pêche 2015 à Terre-de-Bas – Photo Raymond Joyeux

Quand la politique mal comprise s’en mêle

Or il se trouve qu’après les élections municipales de 2008, un différend entre le Président de l’AMPS et le maire de Terre-de-Haut, incite ce dernier à couper les vivres à l’association existante, et, sonnant le rappel de ses partisans pêcheurs, à créer, dit-on,  « sa » propre association, celle des marins-pêcheurs de Terre-de-Haut, (l’AMPTH). Association regroupant, comme l’indique son appellation, les seuls professionnels volontaires de cette commune à l’exclusion de ceux de Terre-de-Bas. Dès lors, issues d’une division artificielle, deux associations de marins-pêcheurs vont coexister aux Saintes, organisant chacune séparément en deux lieux différents, mais aux mêmes dates, – chaque année à la Pentecôte – leur Fête de la Pêche. Situation absurde que n’ont pas manqué de relever nombre d’observateurs. La logique n’a pas tardé cependant à reprendre ses droits puisque depuis deux ans (2014 et 2015) l’AMPTH, décapitée et inexistante, n’assure plus de manifestation, en dépit du soutien financier et logistique de la commune de Terre-de-Haut et autres instances officielles, alors que l’AMPS, avec Georges PINEAU et son équipe, a continué vaille que vaille sur sa lancée, jusqu’en 2015, soutenue uniquement par ses adhérents, la commune de Terre-de-Bas, les sponsors, les nombreux bénévoles n’hésitant pas à mettre la main à la pâte, et, bien entendu, la Région Guadeloupe… jusqu’aux dernières élections territoriales !

2016 : année noire pour l’Association de Georges PINEAU

Georges PINEAU Président de l'AMPS

G.Pineau, président de l’AMPS

Malheureusement, le « nerf de la guerre » faisant défaut, Georges PINEAU, interrogé par nos soins, a confirmé la suspension pour cette année 2016 de la Fête de la Pêche que son Association avait jusqu’ici organisée contre vents et marées depuis 2002, avec l’indéniable succès que l’on sait. Les raisons de cette annulation, (provisoire a-t-il insisté), sont nombreuses mais la première d’entre elles est la suppression par la Région Guadeloupe de la subvention octroyée chaque année en vue de cette manifestation (demande faite précise Georges Pineau, en février dernier). À ce manque d’appui financier incompréhensible et inopiné s’ajoute le non renouvellement des cadres, quelque peu découragés par l’absence de relève au sein de l’Association. Et surtout par le refus d’implication manifeste de la commune de Terre-de-Haut ajouté aux choix régionaux de privilégier au détriment de la Manifestation annuelle de la Pêche aux Saintes, la Fête du Cabri à la Désirade, la Fête du Crabe à Morne-à-l’eau, la Fête de la MusiqueTerre-de-Blues, à Marie-Galante. Autant et Entre autres manifestations traditionnelles dont personne ne conteste ici ni l’importance culturelle et festive, ni la nécessaire légitimité.

public 3Néanmoins, par décision délibérée du Conseil Régional, assemblée au sein de laquelle le maire de Terre-de-Haut, nouvellement élu, est paradoxalement responsable du tourisme, les Saintois seront privés cette année de cette belle manifestation qu’était la Fête de la Pêche. Manifestation attendue de toute la Guadeloupe et devenue au fil des ans non seulement un attrait touristique indéniable  mais aussi et surtout un des rares événements communautaires d’amitié et de joyeuse convivialité pour nos compatriotes et leurs nombreux amis visiteurs. Un espoir cependant : Georges Pineau indique que son Association, l’AMPS, n’est qu’en stand-by, et que selon lui, 2017 verra le retour aux Saintes de la traditionnelle Fête de la Pêche, au même titre, précise-t-il, que Terre de Blues à Marie-Galante et les autres manifestations traditionnelles guadeloupéennes. À cette bonne nouvelle relative, il convient d’ajouter le retour en baie de Terre-de-Haut de l’étoile de mer, merveille naturelle qui avait pratiquement disparu de nos eaux depuis quelques années, preuve d’une meilleure qualité du milieu. Une belle raison de nous consoler de la disparition (provisoire, espérons-le) de notre traditionnelle fête de la pêche.

Le retour de la merveille. Ph. Raymond Joyeux - Mai 2016

Le retour de la merveille. Photo R. Joyeux – Mai 2016

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8 commentaires pour Pentecôte 2016, les Saintois privés de Fête de la pêche

  1. vonvon dit :

    voilà encore un aperçu de la « capacité » de « notre élu » à détruire tout ce qu’il touche tout ce qu’il entreprend et ceci dans un seul but …la mort de la commune. Force et courage à Georges et aux marins pêcheurs.

  2. catherine voglimacc dit :

    Désolant ….

  3. Alain Thouret dit :

    Bon courage à cette association et je dirai « ne lâchez rien, face à cette haine galopante « . J’ai apprécié ce moment convivial sur la plage de Terre de Bas . La vie devrait être ainsi faite, après les efforts quotidiens, détente, éclats de rire, p’tit punch (à petite dose bien sur) ,grillades, musique….maux de tête le lendemain (j’avais dit à petite dose……). Rendez vous en 2017, avec un petit reportage de Raymond à la clé !

  4. DEHER dit :

    Cela prouve encore une fois l’intelligence de cet individu, je suis vraiment écœuré.

  5. Dario dit :

    Si chacun trouve que l’association est utile pourquoi ne pas la financer avec ses propres moyens ? Nombre d’association qui existe sans subvention et qui fonctionne correctement et j’en pour preuve la Jeune chambre Economique créée en 1915. Aucune de ses actions n’a eu recours à des subventions et pourtant elle est à l’origine de nombreuses actions en faveur des défavorisées. Ces actions ont grandement contribué à des lois de protection des enfants, de l’environnement et de nouvelles règles pour l’obtention de crédits pour les pauvres. Prenez exemple sur celle-ci et vous serez moins déçu parce que vous n’en attendrez rien. IL faut créer l’espoir et non pas l’attendre. Questions : Combien de pécheurs à Terre à Haut pratiquent réellement le métier de la mer ? Etre inscrit maritime ne signifie pas être marin pêcheur.
    Une fête associative peut être alimentée par ses participants , je ne vois pas en quoi une subvention est utile.

    • raymondjoyeux dit :

      Tout à fait d’accord avec toi, Dario, sur le principe. Et aux Saintes même, il existe des Associations qui fonctionnent ou ont fonctionné sans un centime de subvention. Je pourrais t’en citer au moins trois que je connais, à commencer par celle que j’ai moi-même créée et dirigée entre 1989 et 1995. Elle s’appelait l’ŒIL de l’Iguane et outre la rédaction, l’impression et la distribution d’un journal sur 6 ans, nous avons organisé maintes manifestations avec nos propres fonds, ignorés complètement des instances municipales, régionales ou départementales auxquelles nous n’avons jamais fait appel… Entre la location d’un local, l’électricité et le téléphone, l’organisation de plusieurs expositions d’art et d’artisanat, la tenue de conférences avec repas-débats, des chanté nwel, animations diverses et j’en passe, il fallait financièrement assurer car seuls nos adhérents, dirigeants et bénévoles alimentaient les caisses en fonction de leurs moyens et degré d’implication. Mais à la longue, les gens en ont marre de donner et au bout d’un moment l’Association périclite, est mise en veilleuse ou disparaît.

      La deuxième c’est le COFS : Comité d’Organisation du Festival Saintois. Festival de musique s’entend, tout à fait indépendant de la municipalité et qui a permis la venue à Terre-de-Haut, au début des années 2000, de nombreux groupes musicaux guadeloupéens, avec prestation mensuelle pendant deux ans (prise en charge – déplacement, repas, hébergement et appointement des musiciens)… Là aussi, la lourdeur du fonctionnement et des charges a obéré la pérennité de l’Association, d’autant plus que les refus systématiques en logistique communale n’ont pas permis de poursuivre plus avant l’expérience.

      Enfin la troisième association saintoise qui fonctionne sans subvention communale depuis plus de 20 ans, c’est Le club de voile traditionnelle ADIEU VAT. Association qui s’est vue refuser également au niveau de la commune toute demande de moyens ne serait-ce que pour entreposer le matériel, réparer et entretenir les canots, participer au transport des voiliers et équipages, sans compter leur hébergement hors des Saintes… Cela demande de la part des organisateurs et des équipages bénévoles une sacrée dose de courage et de persévérance… Conclusion, il ne reste plus que deux canots à Adieu Vat et l’Association est pratiquement à l’agonie, incapable de subvenir seule aux charges financières importantes, inhérentes à ses activités.

      Que de grandes associations aux moyens financiers et matériels importants fonctionnent sans subvention publique, on peut le comprendre. Mais ce principe est inapplicable dans nos petites contrées où la seule bonne volonté ne suffit pas pour organiser des manifestations sportives, culturelles ou autres qui nécessitent un investissement dépassant toute capacité d’autofinancement. D’autant plus que ces manifestations représentent et mettent souvent en valeur une collectivité qui, au lieu de se ternir volontairement à l’écart, aurait tout intérêt à s’investir sans parti pris ni discrimination ou partialité, pour toutes les retombées prestigieuses, touristiques et commerciales générées. Une fête de la pêche, sur trois jours, ce n’est pas un anodin concours de boules.

      Quand on sait qu’à Terre-de-Haut, l’équipe de foot, pour ne citer qu’elle – sans pratiquement aucun joueur local et qui ne rapporte rien commercialement et touristiquement à la collectivité – est subventionnée (officiellement) par la commune à hauteur de 80 000 euros annuels, on comprend que les autres Associations comme l’AMPS et Adieu Vat où l’investissement financier, humain et matériel est sans commune mesure avec aucune autre association saintoise, découragées et se sentant injustement lésées ne puissent pas survivre très longtemps.

      Lésées, uniquement parce qu’elles sont supposées être le fait de l’opposition et qu’à ce titre, le pouvoir en place, mû par une conception et une pratique politiques particulièrement mesquines et rétrogrades, (désolé de le dire !), se croit obligé de souhaiter et parfois d’organiser par inertie volontaire leur disparition (Le COFS hier, l’AMPS et Adieu Vat aujourd’hui ! ) … Alors qu’il existe une ligne budgétaire importante dans les dotations communales destinée à aider équitablement toutes les Associations et pas seulement celles agrées par la seule désignation du Prince. Cela aussi il faut le savoir.

      • DEHER dit :

        Je te rejoins complètement sur les détails qui tu viens d’exposer Raymond.
        Merci pour les infos

  6. Dario dit :

    Je suis en phase avec Raymond mais l’exemple que j’ai cité celle de la Jeune Chambre Economique est à mon sens le plus significatif de l’indépendance d’une association vis à vis des systèmes purement politique. Le fait que des associations périclitent aux Saintes n’est pas nouveau mais l’origine de ce dépérissement est à chercher plutôt au niveau même du comportement de nous saintois. Savons nous transmettre dans de bonnes conditions aux générations futures ? Pour cela , encore l’exemple de la JCE (Jeune Chambre Economique), il faut prévoir un statut de transmission adapté au non renouveau des membres, il faut former les jeunes à prendre des responsabilités mais aussi les motiver. Aux saintes, la critique est plus facile que l’encouragement , ce n’est pas étonnant que la relève ne soit pas assurée.
    Etre fort , c’est être indépendant des politiques et non de la politique et prouver que les actions réalisées ont bien un effet positif sur le groupe et en définitive seul compte la création de richesse culturelle, sociale et économique.
    Pourquoi ne pas imaginer une recrudescence des métiers de la mer dans notre petit archipel ? Plus de pêcheurs !! Plus de produits locaux !! Plus d’économique !! La réussite pour tous et pourquoi pas un modèle social – économique saintois ?
    Les saintois n’ont pas besoin d’une mairie pour avancer mais de persévérance , de créativité , de solidarité, de courage et d’une vision pour demain.

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