Le rapport de la Chambre Régionale des Comptes sur la situation financière de la Commune de Terre-de-Haut a fait l’effet d’une bombe. À la suite de sa publication, tous les médias guadeloupéens se sont emparés de l’affaire, ont interrogé, comme il fallait s’y attendre, les principaux intéressés et rendu publiques leurs déclarations. En particulier celles du maire lui-même et de son rival potentiel aux prochaines élections municipales programmées pour mars 2014, suscitant de ci de là les réactions du public.
Dans l’édition du vendredi 13 septembre 2013 du journal France-Antilles, le journaliste Yvor Lapinard, après avoir résumé succinctement les grandes lignes du rapport, sous le titre « L’île à la dérive financière», publie en parallèle la déclaration de Louis Molinié, maire depuis 1999 :
« Depuis 3 ou 4 ans, je subis des contrôles sur tous mes marchés. Et le rapport ne révèle rien en ce sens. Pas de malversations ni de détournements. Les magistrats ont débarqué, fin juin, et ont établi leur rapport en 4 jours, sans même attendre mes observations. Ils fouillent dans les dossiers et je me retrouve avec un rapport sur lequel ne figure que des inepties. Face à cette attitude, je ne fais plus confiance aux magistrats. Pourquoi en veut-on à une commune qui investit ? J’avais, en 2010, un taux d’endettement de 80 euros par habitant, je fais un emprunt de 2,5 millions et je passe à un endettement dépassant les 1 500 euros par habitant. C’est normal! Il faut bien payer les entreprises, puisque l’État n’a pas d’argent et que les collectivités ne jouent pas le jeu. La CRC dit que le déficit est colossal. Or, elle trouve que je peux le résorber en 2 ans. Je peux réaliser des excédents dans la section de fonctionnement, et la commune dispose d’une capacité de remboursement. On est en train de faire un coup, 6 mois avant les élections. Je suis dégoûté, d’autant que ce n’est qu’un budget prévisionnel. »
En gros, lorsque les magistrats (de la CRC) ne trouvent rien d’anormal, (pas de malversations ni de détournements, dixit le maire ) ils font du bon boulot et je suis d’accord avec eux… Par contre lorsqu’ils repèrent des anomalies et le disent, » ce sont des inepties et je ne leur fais plus confiance. » Refrain connu, car c’est ce que déclarent la plupart des élus communaux dans les mêmes situations, selon qu’ils sont épinglés ou non dans leur gestion municipale…
À cette déclaration du maire, des lecteurs du journal ont réagi, toujours dans l’édition du 13 septembre. Voici deux commentaires sélectionnés par France-Antilles :
Vin9cent : « Les difficultés de Terre-de-Haut à régler ses prestataires, notamment pour la prestigieuse fête patronale, ne datent pas d’hier. Le premier magistrat a toujours refusé de voir la réalité des chiffres en face et continue à l’image d’un Balkany qui se déclare l’homme le plus honnête de France. Nous verrons si les Saintois sauront sanctionner une incompétence avérée, ou au contraire la légitimer lors des prochaines élections. »
Azouren : » Total des recettes = 3 404 000 euros. Charges de personnel = 1 855 000 euros. Soit 54,5% consommés pour payer les seuls employés municipaux ! À mon avis, ceux-là travaillent la nuit car durant la journée on n’en voit pas beaucoup… L’endettement par habitant (80 euros en 2010) dépasse aujourd’hui les 1 500 euros. M. Molinié, cessez de nous prendre pour des couillons… »
De son côté, invité par la chaîne télé locale Canal 10, le même vendredi 13 septembre, Hilaire Brudey, Conseiller général et régional, apparemment futur adversaire de Louis Molinié aux prochaines municipales déclarait ceci :
« Le budget primitif dit prévisionnel, contrairement à ce que prétend le maire, tient compte des données chiffrées de la situation financière réelle de la commune au moment du contrôle. C’est ce budget qu’ont voté les conseillers muni-cipaux. Si ce budget n’est pas sincère et présente un équilibre fictif entre, parmi d’autres, les dépenses générées par les charges salariales et des réalisations déjà effec-tuées, mais non réglées aux prestataires, d’une part, et les recettes prévues pour payer les dettes anciennes et les réalisations programmées d’autre part, la Chambre est bien obligée de le souligner. La preuve qu’on peut faire confiance aux conclusions des magistrats, c’est que la commune s’apprêtait à solliciter un prêt de cinq millions d’euros. Je ne vois pas en quoi ce prêt aurait été nécessaire si le déficit n’existait pas. Le maire prétend le contraire mais se contredit en disant qu’il peut le résorber en deux ans… c’est donc qu’il existe, ce déficit !… Je souligne entre parenthèses que si ce prêt s’était réalisé, il aurait contribué à alourdir la dette donc à aggraver le déficit.»
Quoi qu’il en soit, sur fond de polémique budgétaire, la bataille des municipales semble bel et bien lancée à Terre-de-Haut, six mois avant les échéances officielles. De toute façon, celui (ou celle) à qui reviendront les clés de la mairie, se retrouvera, qu’il le veuille ou non, avec son équipe, dans une situation plombée, sans marge de manœuvre véritable, sinon celle de devoir à tout prix rétablir l’équilibre financier pour repartir sur des bases budgétaires saines et sincères. C’est d’ailleurs ce que préconise la CRC avant tout nouveau projet d’investissement ou d’embauche.

La bataille est engagée pour la conquête de la mairie. Mais que pourra faire le futur maire avec un budget plombé d’avance ?
En définitive ce sont les citoyens qui seront les arbitres de la situation en accomplissant en toute conscience le moment venu leur devoir électoral. Encore faudrait-il pour cela qu’ils soient inscrits sur les listes électorales. Si ce n’est le cas, nous leur rappelons que le dernier délai pour se faire inscrire est fixé au 31 décembre 2013 et les incitons fortement à accomplir cette démarche capitale s’ils veulent influer durablement, dans le bon sens, sur le destin de leur commune.
R.J.
En tout cas, les conseillers municipaux ont été purement et simplement zappés par le maire, apparemment aucune réaction de leur part, la peur ? l’intimidation ? mais la fierté dans tout ça ?
Il n’est pas trop tard pour réagir messieurs et mesdames REVEILLEZ-VOUS, pensez à vos enfants déjà 1800e par habitant (donc enfants compris) à quel montant vous révolterez-vous ?