Fils de charpentier de marine, Roméo Léon, né en 1949 à Terre-de-Haut, a vécu depuis toujours entouré de canots en construction, dans l’odeur caractéristique du bois qu’on taille, scie, rabote et polit.
Écolier, fasciné par les nombreux voiliers et navires de guerre séjournant en rade des Saintes, il aime les contempler au sortir de l’école et commence à en réaliser des modèles réduits au chantier naval de son père, Hector Léon, l’un des plus célèbres constructeurs de boats saintois des années 50-60. Par atavis-me paternel, une singulière passion était née.
À 17 ans, amoureux des bateaux en tout genre, Roméo quitte son île natale pour la Martinique où il suivra une formation maritime avant de s’embarquer comme novice sur un cargo de la Compagnie Générale Transatlantique.
Après son service militaire effectué, comme il se doit, dans la Marine Nationale, il travaille pendant cinq ans en qualité de menuisier spécialisé aux chantiers navals de la Seyne sur Mer près de Toulon.
De là, une idée lui trotte dans la tête : réaliser de toutes pièces au 1/200ème une maquette exacte du FRANCE, paquebot emblématique et fleuron de la flotte transatlantique française entre 1962 et 1974, qui changea deux fois de propriétaire et de nom avant de finir sa vie en 2009, démantelé en Inde, aux chantiers d’Alang.
Le FRANCE, qui va devenir sa maquette fétiche, a nécessité 6 années et demie de travail minutieux, soit 1530 heures d’atelier.
Véritable chef-d’œuvre, sans comparaison aucune en ce domaine, le paquebot, dont toutes les pièces ont été façonnées exclusivement à la main, mesure 1575 mm de longueur et a été réalisé, hors éléments métalliques, en balsa et contre-plaqué de 1mm d’épaisseur assemblé à la colle, sans aucun autre moyen de fixation.
Télécommandé, le FRANCE est équipé de 4 hélices actionnées par deux moteurs électriques déployant une autonomie de deux heures en bassin et permettant de faire tourner le radar et d’illuminer les 1041 hublots.
Mais ce fantastique chef-d’œuvre n’est pas la seule maquette de Roméo, loin de là. En respectant à chaque fois scrupuleusement les plans officiels de ses modèles, il a réalisé de nombreuses autres, comme celles du Porte-hélicoptères Jeanne d’Arc, encore inachevée, de l’escorteur Le Corse, du patrouilleur La Fougueuse, parrainé en vrai par la commune de Terre-de-Haut.
Parallèlement à sa profession de menuisier-charpentier, sans cesser de peaufiner ses modèles en construction, il entreprend la réalisation de navires locaux : la navette à passagers Fly Cat de la compagnie Brudey, des demi-coques saintoises, des vedettes de pêche en haute mer… Autant de merveilles qui mériteraient d’être exposées dans un musée vivant pour la satisfaction des connaisseurs et du grand public. Malheureusement rien n’est fait aux Saintes pour valoriser et populariser nos artistes et leurs créations, et les précieuses maquettes de Roméo ne sont visibles que chez lui, soigneusement protégées des regards, de la lumière et de la poussière ambiante.
Si vous avez la chance qu’il vous reçoive pour une visite guidée, il ne manquera sans doute pas de vous montrer en plus, cerise sur le gâteau, son journal qu’il tient avec persé-vérance depuis 1994 ; son éphéméride où sont consignées quotidiennement les heures de lever et du coucher du soleil et la météo locale ; son registre d’entrées et de sorties des navires de passage ; son fascinant album des maisons de Terre-de-Haut, reproduites en grand format, et celui non moins intéressant de son fils Jean-Philippe sur les magnifiques et luxueux voiliers et vedettes qui fréquentent régulièrement la baie des Saintes, cadre exceptionnel où s’exposent grandeur nature ces bijoux du génie humain que Roméo reproduit méticuleusement à échelle réduite dans son atelier de maquettiste surdoué.
Devenu adepte de la marche qu’il pratique plusieurs heures, 3 jours par semaine, si vous aimez cette discipline en sa compagnie et partagez avec lui la passion des bateaux, il vous conduira à coup sûr, selon le mot d’Olivier de Kersauson, » en balbutiant vers l’aventure et vers la mer ».
Mais en attendant de rencontrer, ce que je vous souhaite, cet exceptionnel et très sympathique artiste, Route de la Chapelle à Terre-de-Haut où il habite, vous pourrez admirer toutes les photos de ses maquettes sur son facebook à l’adresse suivante : maquettes LEON Romeo.
Raymond Joyeux
J’ approuve totalement le déroulé et le contenu de ton article, cher Raymond, en ce sens qu’il décrit à sa juste valeur les qualités techniques et artistiques des réalisations de Roméo .
Chapeau à toi l’artiste. Tu fais honneur à notre communauté.
Mon cher Chrysos, je te remercie pour tes appréciations, et j’imagine que c’est à Roméo que s’adresse le terme d’artiste. Il le mérite plus qu’amplement et tu as bien fait de le saluer… Quant à moi, simple chroniqueur, je ne suis qu’un « poète à la mer », c’est-à-dire passé depuis longtemps par-dessus bord, comme le laisse entendre avec à propos mon fils Alexandre, auteur du titre du blog et de la page de bienvenue. Et je lui donne entièrement raison…
Effectivement , c,est à Roméo que j,adresse le qualificatif d,artiste…Que Dieu me garde de titiller ta modestie ,cher ami.
Rendons à César ce qui appartient à César.
En effet… En ce cas, je suis entièrement rassuré.
Amour amitié plaisir joie
Bonjour, Je cherche une personne pour continuer une maquette de bateau d’un vieux Monsieur qui est dans la peine …. Ne connaissant personne sur Saintes dans le 17 , je me tourne vers vous avec espoir pour lui … Merci par avance . Cordialement Mino