Nouvelle publication

Amies lectrices, amis lecteurs, j’ai le plaisir de vous informer de la publication à compte d’auteur par Les Ateliers de la Lucarne de mon nouvel ouvrage : L’arbre du dromadaire. Ce récit au format A5, relate mes quatre années d’exil en France métropolitaine de 1960 à 1964. Édité en nombre restreint, il n’est disponible que chez l’auteur, au prix de 20 € (frais d’expédition compris). Pour toute demande s’adresser à : raymondjoyeux@yahoo.fr. Afin de vous mettre, je l’espère, l’eau à la bouche, je vous propose quatre extraits exclusifs des 192 pages de cette chronique. Merci infiniment pour vos encouragements.

Arrivée à Cannes- Septembre 1960
Page 29

J’ignore s’il existe aujourd’hui à Cannes des installations portuaires permettant aux navires de gros tonnage d’accoster pour embarquer et débarquer des passagers. C’est en tout cas en chaloupe que j’ai mis pour la première fois le pied sur le sol de France en cette fin septembre 1960. Mes yeux n’étaient pas assez grands pour savourer la majesté des paysages, l’extraordinaire beauté des lieux. J’ai alors pensé à mes amis des Saintes qui prétendent qu’il n’y a pas de plus beau pays que le leur. Oui, Terre-de-Haut, mon île natale, est certainement plus que belle… si l’on ne s’en tient qu’à ses seuls paysages, à la diversité harmonieuse de son relief, au sable immaculé de ses plages et des criques innombrables qui cisèlent son littoral en baies cristallines. Mais pour moi la beauté d’un site ne se réduit pas toujours à ce que nous offre généreusement la nature. L’homme, pour peu qu’il soit mesuré, respectueux de ce qui l’environne, peut contribuer par son art et son intelligence à rehausser cette beauté, à nous la rendre plus proche, plus accessible, plus aimable. Malheureusement, sa main trop souvent sacrilège, peut aussi enlaidir le plus beau des panoramas, saccager pour longtemps le plus pittoresque des paysages. Par des aménagements intempestifs, désordonnés ou incongrus, des détériorations dues à l’absence volontaire ou non d’embellissement et d’entretien du cadre de vie, par l’irrespect insoucieux de l’environnement, concept récent à l’époque mais qui englobe aujourd’hui davantage que signifiait alors ce terme. En débarquant à Cannes en cette matinée de fin d’été méditerranéen, époustouflé par tout ce qu’il m’était donné à voir, j’étais loin d’imaginer que j’allais au-devant d’autres merveilles qui devaient pour toujours imprégner mes sens et mon esprit. Et dès le premier jour, je me suis pris d’amour pour cette Côte d’Azur où j’allais vivre deux années de ma jeune existence.

Installation à l’institution : La Croix-Valmer- Septembre-octobre 1960
Page 35

Avant d’être conduits à nos logements respectifs, nous avons eu droit à une collation servie au réfectoire. Une immense salle à haut plafond, carrelée à l’ancienne, au fond de laquelle serpentait un escalier en marbre menant aux étages. Je découvrais pour la première fois une boisson au lait fermenté légèrement gazéifiée, le kéfir, spécialité de la maison qui allait nous être servie régulièrement les fins d’après-midi après les cours. Puis chacun a investi sa chambre au premier et second étages, selon une répartition préalablement établie dont les critères nous échappaient. La mienne était bien plus qu’une simple chambre. Spacieuse et orientée plein Est, elle donnait sur le parc, du côté opposé à la façade principale. Si bien que j’allais avoir droit tous les matins, dès le printemps, au lever du soleil à travers les branches ajourées des pins et autres chênes-lièges, végétation spécifique de la région.

Famille d’accueil en Saône et Loire Juillet 1961
Pages 80-81

Je me souviens de l’état d’esprit qui était le mien simplement en lisant le nom de ce village inconnu : Châtenay-sous-Dun. J’ignorais, bien sûr, ce que j’allais découvrir et dans quelle famille je serais reçu, mais cette dénomination m’avait tout de suite emballé et rassuré, et j’étais tout excité à l’idée de m’y rendre. J’avais eu la prémonition que je me retrouverais chez moi, aux Saintes, dans ma propre famille, et que de ce point de vue je ne serais ni dépaysé ni considéré comme un étranger. Je peux dire aujourd’hui que ce sentiment n’était pas une vue de l’esprit, une chimère, mais une réalité qui allait bien au-delà de tout ce que j’avais imaginé… et me réjouissais à l’avance de ce changement d’air et d’atmosphère : j’allais quitter l’ambiance vernissée, feutrée, studieuse et monastique du pensionnat pour me retrouver à l’air libre, battre la campagne, de la paille dans les cheveux, avec des champs à perte de vue, dans des odeurs de ferme, de foin coupé, de moisson, d’étable, d’écurie et de poulailler… Bonjour « veaux, vaches, cochons, couvées », j’allais vivre, à l’envers et pour de bon, l’aventure de Perrette et le pot au lait !

Service militaire : Lons-le-Saunier Septembre 1963Novembre 1964
Page 151-152

Une classe d’appelés chassant l’autre, les libérables qui nous avaient précédés, avant de rentrer définitivement dans leurs foyers à la fin de leur service, une énorme et ridicule quille en bois autour du cou, devaient rendre leur paquetage au grand complet, alors que nous, nouveaux arrivants, nous venions de recevoir le nôtre. Naïvement, j’avais étalé le contenu du mien sur le lit de la chambrée qu’on m’avait attribuée et revenais d’une boule à zéro règlementaire afin de me mettre en tenue pour la photo destinée à la carte d’identité militaire. C’est alors que je me suis aperçu que la vareuse que j’avais laissée sur un cintre à portée de main pour m’en vêtir rapidement, s’était volatilisée, l’espace d’un cillement, subtilisée sans doute par un quillard qui s’était fait lui-même chaparder la sienne ! Et c’est un sergent antillais, beaucoup plus athlétique que moi, qui m’a prêté sa veste pour la photo, ayant pris soin de dégrafer des épaulettes ses galons de sous-officier. Ainsi, c’est en flottant dans une vareuse trop large, que débutait ma période militaire, comme le symbole de cette parenthèse flottante qui allait me voler 14 mois de ma vie.

Publié par Raymond Joyeux
le mardi 2 juillet 2024

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2 Responses to Nouvelle publication

  1. Avatar de Alain Joyeux Alain Joyeux dit :

    envoi moi stp un exemplaire ainsi que ton iban pour te faire un virement. je sais que d’eddy kacé c’est plus cher mais je prends cette option !

    Alain JOYEUX 0590 92 87 84 06.90.40.49.45

  2. Avatar de Annie Lionet Annie Lionet dit :

    Hâte de le lire bisous

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