Un personnage hors du commun
On ne présente plus Fernand Bélénus, alias, aux Saintes, Tonton Fernand. La verve intarissable, l’humour subtil, la franche personnalité et la juste renommée de notre ami sont tels qu’ils ont franchi depuis longtemps les frontières de notre archipel. Ancien navigateur, connu et apprécié dans tous les milieux maritimes de France et de Navarre, en particulier en Bretagne et singulièrement à Saint-Malo où, comme animateur et ambassadeur bénévole de notre île, il participe ou a participé à tous les événements nautiques organisés ou orchestrés par ce célèbre port breton, Fernand vient d’être promu sociétaire de la SNBSM sous le N° 2610. Ce qui fait de lui à ce jour le premier et seul Antillais membre de ladite Société, fondée en 1848 et qui compte aujourd’hui pas moins de 1000 adhérents actifs.
Une lettre du Président de la SNBSM
C’est par une lettre élogieuse du Président de la Société Nautique de la Baie de Saint-Malo, datée du 17 janvier 2015, qu’il a officiellement appris la bonne nouvelle. Usant du tutoiement, signe de complicité évidente et gage d’une longue amitié, le Président de la SNBSM s’adresse à Fernand en ces termes :
« Fernand, cher ami,
J’ai à cœur de te dire, une fois encore, l’immense plaisir que tu nous as fait, en octobre dernier, en venant illuminer par ta présence les festivités du départ de la course St-Malo-Pointe-à-Pitre. Les animateurs de la cellule « Club des Partenaires » ne tarissent pas d’éloges à ton égard et l’ensemble des personnes, membres ou pas de la SNBSM, gardent de toi un formidable souvenir, regrettant que la prochaine édition de la Route du Rhum ne s’inscrive pas dans un cycle annuel. Ta bonne humeur, ton énergie et ton savoir faire le ti-punch n’ont pas leur pareil, et c’est moins le départ des bateaux que ton absence, pourtant programmée, qui a créé un vide autour de nous, gens de la SNBSM…
Nous avons fait connaissance lors de l’édition précédente, en 2010, nous nous sommes appréciés en 2014, pourrons-nous nous séparer en 2018 ? Il est vrai que je ne serai plus alors aux responsabilités de la SNBSM, et c’est un autre président qui aura le plaisir de te recevoir et faire ton éloge.
Mon cher Fernand, pour l’aide précieuse que tu as su apporter à la SNBSM, avec discrétion et efficacité, le Comité Directeur et moi-même tenons à t’offrir, pour 2015, ta première adhésion au Club, avec nos félicitations. Tu trouveras ta carte de membre jointe à cette lettre…
Je te renouvelle mon amitié et celle des membres de la SNBSM qui ont eu l’occasion de te rencontrer à Saint-Malo. Je te dis à une prochaine fois, ici, en Guadeloupe ou ailleurs. »
Ambassadeur talentueux et efficace de nos îles
En dépit des tracasseries incessantes dont il est injustement victime dans sa propre commune de la part d’un chef d’édilité particulièrement hargneux, selon lui, à son égard, et avec qui il n’a jamais eu aucun atome crochu – ce qui lui a valu de faire en 2008 une célèbre grève de la faim – Fernand Bélénus n’a cessé et ne cesse d’œuvrer, avec la verve et le talent qu’on lui connaît, pour faire connaître et aimer son île lointaine de Terre-de-Haut en particulier, et l’archipel des Saintes en général. Profitant de ses animations bénévoles, de ses nombreux passages dans les salons de promotion touristique et de ses interviews sur les médias régionaux ou nationaux, radios et télés, à l’occasion des manifestations nautiques ou autres auxquelles il participe en Métropole, Fernand a peut-être fait davantage que tous les organismes officiels pour inviter et inciter les visiteurs et la population métropolitaine à mieux connaître et à se rendre en Guadeloupe et dans nos îles saintoises.
Ne serait-ce que pour son implication désintéressée et fructueuse en ce domaine, il aurait dû être non seulement officiellement remercié par les instances locales soucieuses de développement commercial et touristique, mais reçu à bras ouverts par ces mêmes instances. Qu’à cela ne tienne, l’amour et la promotion de sa terre natale sont plus forts que le dépit qu’il aurait pu concevoir du rejet et de la malveillance dont il est chez lui l’objet incompréhensible de la part de certains représentants des autorités communales. Sollicité dans de nombreuses villes de Métropole pour sa connaissance reconnue de notre archipel et pour ses dons incontestables d’animateur jamais à court de bons mots désopilants, adulé et promu à Saint-Malo, Tonton Fernand est l’exemple parfait, la vivante illustration du célèbre adage qui prétend, que nul, hélas, n’est prophète en son pays… Et c’est bien dommage !
Fern-nand pré-sident ! 🙂
Bien joué, Phill, s’il se présente on le plébiscite et je vote deux fois pour lui ! J’adore ses jeux de mots spontanés dans le style « M. et Madame ont un fils ou une fille » comme M. et Mme ÉLECTORALE ont une fille : Calixte. Ou bien Ma mère était née GRAISSE… !
Bel éloge tonton Fernand, et il reste une dimension qui aux Saintes est essentielle: le maraicher agroécologue et genereux producteur de légumes et fruits ! Un homme de mer et de terre, un activiste de l’humus enrichissant son ile grace au terreau des algues qui feront croitre des semences de variétés vraies, pas des hybrides F 1 des semenciers affameurs de la world company!
une reconnaissance bien méritée ! bravo Fernand « les chiens aboient la caravane passe »
J’étais aux Saintes lors de sa grève de la faim. Le comportement de certains saintois avait été lamentable. Je lui avais fait parvenir ,lors de mon départ , un courrier de soutien. Sa détermination m’avait impressionné. Un excellent jardinier, un ambassadeur renommé en bretagne (il est même venu faire un tour dans ma ville, Lorient .), il mérite que tu lui consacre un article, c’est sur .
MAIS C’EST AUSSI UN ARTISTE !
Luc et « Alaintht » ci dessus ont bien fait de rappeler l’oeuvre jardinière de Fernand car ce n’est pas un mince exploit de cultiver des légumes sous le climat aride et maritime de Terre de haut.
Même s’il n’est pas le seul à ce jour ( j’en connais d’autres dont mon Oncle D.C ou mon cousin Ph. L qui se reconnaîtront) , les jardiniers dignes de ce nom se font rares sur notre archipel: outre l’aridité des sols et le manque d’eau notoire, la pression immobilière et le manque d’intérêt des plus jeunes générations qui ont toujours connu les approvisionnements « importés » par nos marchands dans les « boutiques » ou sur le marché, n’ont peut-être pas conscience de l’importance de garder, de « cultiver » (au sens propre comme au figuré) l’esprit et les pratiques d’autonomie alimentaire, même partielle, ne serait-ce que pour sa famille à travers la culture d’un jardin vivrier, fruitier, médicinal…
Ce qui fait l’originalité du travail de jardinier de Fernand est son approche « biologique » : il s’affranchit dans la pratique (et avec des résultats à la clé) des engrais de synthèses et autres pesticides, expérimentant et mettant au point avec succès des préparations phytosanitaires issues de plantes locales: Ce « travail » de recherche demande une faculté certaine d’observation du milieu naturel contribuant ainsi à une connaissance fine de la flore locale que Fernand ne manque pas de partager à ceux le questionnent. Par ailleurs, le compost organique qu’il élabore pour nourrir son terrain est le fruit d’une collaboration bien pensée avec ses volailles!
De l’intuition, du bon sens, des essais multiples et de la patience, mais surtout beaucoup d’enthousiasme et de Passion sont nécessaires pour réussir et se maintenir dans cette voie… Tout cela Fernand ne semble pas en manquer !
Fernand montre et nous rappelle aussi par cet « engagement jardinier », l’importance d’une autonomie en eau grâce à ses citernes volumineuses qui pourvoient toute l’année à son utilisation domestique, à l’arrosage conséquent de son jardin et aux besoins de ses petits élevages… Tout cela pour dire qu’il ne s’agit pas ici d’un simple hobby fertile, mais de toute une entreprise cohérente et bien pensée dont Fernand à raison d’être fier. Il ne manque pas d’ailleurs d’admirateurs saintois pour lui rendre visite et apprécier l’ombrage de son carbet et se réjouir de passer un moment en sa compagnie dans cet eden vert extra-ordinaire, entre cimetière et aérodrome, agréablement ventilé par l’alizé qui souffle sur la grande anse.
Au delà d’un engagement personnel et familial, l’oeuvre jardinière de Fernand est aussi, en quelque sorte un exemple à imiter, un enseignement pour ceux qui ont à disposition encore quelques arpents de terrains non bâtis à disposition et qui sauront ouvrir les yeux sur la richesse végétale qui pourrait en jaillir.
Jardiner avec intelligence ou laisser-aller des cabris dans des savanes brûlées ou pire encore, dans les mornes ? A-t-on mesuré l’impact et les conséquences de la divagation des cabris sur l’écosystème de notre archipel ? Certains pourraient rétorquer que les mornes caillouteux ne sont pas propices à la culture… Ceux-ci devrait auparavant s’enquérir des prodiges de simplicité agricole et arboricole que l’on a pu voir naître (ou rejaillir) dans des déserts hostiles grâces aux méthodes agroécologiques, avec un minimum d’eau : en Israël dans le Néguev, Au Burkina Faso en Egypte et en Australie en plein désert, ou même dans la Caraïbe (Grenadines, Ste Lucie, Haïti…) . Certains de ceux qui rêvent aux Saintes, parfois depuis des décennies, d’offrir en sacrifice leurs terrains à la spéculation immobilière pourraient peut-être regarder de plus près les réalisations de Fernand et surtout les méthodes appliquées… Car là réside peut-être la véritable richesse ?
Aussi, si le jardinage pour Fernand tend à l’Art pur et simple, il faut aussi mentionner que Fernand est aussi un artiste plasticien : A voir notamment ses mosaïques, faîtes d’éclats de carrelages récupérés avec patience, qui colorent « L’ambassade de l’accueil » ! Notons que son habitation est d’abord connue et reconnue comme un havre pour une clientèle de voyageurs avertis, dont la plupart reviennent régulièrement.
Pour Terminer, Il ne faut pas oublier qu’aux côtés du personnage « Tonton Fernand », il y a une épouse ! Chacun sait que derrière toute « figure remarquable » travaille souvent dans l’ombre un conjoint ou une conjointe non pas moins remarquable !
Merci en tous cas, Monsieur et Madame Bélénus, pour l’accueil simple et chaleureux que je reçois de votre part à chacune de mes visites.
Alain.
Longtemps que j’ai quitté les Saintes et avant d’avoir lu vos écrits sur Tonton Fernand , je ne le connaissais pas . J’espère que de la haut ou d’ailleurs , Tonton Fernand saura guider et inspirer des Saintois de souche ou de coeur , car les Saintes ont toujours eu besoin de gens comme lui.
Merci Jonathan pour votre message. Nous regrettons toujours aux Saintes l’absence de Tonton Fernand. Son esprit d’initiative et son engagement bénévole pour son île, ses îles, nous ont marqués à jamais. Vous faites bien de le rappeler.