Les chroniques de L’IGUANE (2)

Pour faire suite à la cérémonie de reconnaissance à notre compatriote Masséna DESBONNES, mort pour la France à 23 ans, le 25 avril 1945, soit 13 jours avant l’armistice du 8 mai, je vous propose cette seconde chronique de Félix FOY publiée dans le N° 28 du journal L’IGUANE des mois de mai-juin 1994.

***

« Le 30 avril 1945, Adolf Hitler se suicide dans son bunker de Berlin. Sa maîtresse Eva Braun l’accompagne dans la mort après avoir conclu avec lui un engagement de mariage.

Les derniers fidèles du Führer ont soin de brûler les corps afin qu’ils ne tombent pas entre les mains des Soviétiques ni ne soient insultés par la foule comme, deux jours plus tôt, les dépouilles de Benito Mussolini et de sa maîtresse Clara Petacci. 

Une semaine plus tard est signée à Reims la capitulation des armées allemandes. C’est la fin dramatique et sans gloire du IIIe Reich. »

Signature de l’armistice du 8 mai 1945

(Document herodote.net. Le média de l’histoire)

En cette fin d’avril 1945, l’Allemagne, prise en étau à l’Est par les forces soviétiques, à l’Ouest par celles des alliés occidentaux, connaît la guerre sur son sol. Berlin est occupé, c’est la reddition de la Wehrmacht le 7 mai à Reims et la capitulation sans condition du 3ème Reich. Le 8 mai 1945 l’armistice est signé à Berlin, officialisant la fin des combats à 23h01 ce même jour.

Terre-de-Haut, 8 mai 1945 

L’écharpe

À l’annonce de l’armistice, imaginez la fête à Terre-de-Haut ! C’est tout simplement la folie. Nous rions, crions, dansons, chantons.

Brusquement tout s’arrête… notre maire destitué, Théodore SAMSON, s’avance majestueusement et nous demande de le suivre jusqu’au bar Le Coq d’or. Là, il se présente à Monsieur Louis AZINCOURT, adjoint au maire nommé par Vichy et, devant la population rassemblée, le prie de bien vouloir lui rendre son écharpe. Il est évident que Monsieur AZINCOURT refuse en expliquant qu’il n’était que l’adjoint de Monsieur de Meynard et que ce dernier n’est plus dans le pays. Nullement embarrassé, Dodo, en tête du cortège que forment déjà ses administrés, se dirige vers la mairie qu’il investit en déclarant solennellement qu’il est dès cet instant maire de Terre-de-Haut, qu’il expédie les affaires courantes et, confiant en sa population, il sera réélu aux prochaines élections. Acclamation de la foule en délire qui applaudit à l’avance à sa réélection.

Ouf ! la guerre est terminée en Europe, mais elle continue en Asie. Malgré les nombreuses victoires des Américains, les Japonais résistent avec détermination et posent certains problèmes aux stratèges de la marine des États-Unis. Des pilotes nippons volontaires, se lancent à corps perdus avec leurs avions bourrés d’explosifs sur les bâtiments de la flotte US, les fameux avions suicides avec leurs pilotes kamikazes.

Attaque de Pearl Harbor par les Japonais le 7 décembre 1941

Les festivités de l’armistice continuent chez nous jusqu’à l’aube du deuxième jour, puis tout le monde se met à rêver de lendemains meilleurs qui tarderont à venir car la France, brisée, exsangue, est à reconstruire.

Un événement grave se produit à Pointe-à-Pitre : nos soldats qui reviennent de la Métropole sont momentanément interdits de quitter le bateau. Ils ne comprennent pas cet ordre et, face à leurs parents impatients, décident de passer outre et de fouler leur sol natal ; une fusillade éclate, les tirailleurs sénégalais qui ont pour mission d’empêcher la descente, tirent. Plusieurs de nos jeunes Guadeloupéens tombent, mortellement blessés. Le capitaine Saintonge est tué net. Un beau gâchis pour des retrouvailles après des années de souffrances et de sacrifices pour sauver la patrie. Belle récompense !

Nos garçons des Saintes ont échappé à cette tuerie. Ils sont là, accueillis chaleureusement par la population. Les enfants les honorent à leur manière, s’accrochant à leurs basques, leurs posant mille questions. Nos valeureux soldats, nos héros, répondent, racontent inlassablement le récit de leur épopée…

Félix Foy

Notre regretté ami Félix Foy n’a pas nommé ceux de notre île qui sont revenus sains et saufs de la guerre. Sans doute les plus anciens d’entre nous doivent connaître leurs noms. Nous, nous savons cependant que l’un d’entre eux n’était pas de leur nombre, il s’agit de Masséna DESBONNES, comme il est mentionné au début de cette chronique...

Profitons donc de cette page pour remercier Madame Maryse Bertin du Souvenir Français, Cécile Jacob, professeur d’histoire et ses élèves de 3eme du Collège Archipel des Saintes, ainsi que les officiels départementaux et la municipalité de Terre-de-Haut qui ont œuvré pour permettre l’organisation de cette cérémonie en l’honneur de notre jeune compatriote, mort pour la France, Masséna Desbonnes. Auquel il ne faut pas oublier d’associer le nom de Cyprien Samson, fusillé en déportation, distingué lui aussi par la municipalité de Terre-de-Haut le 15 août 2018, lors de l’inauguration de la Place des Héros.

Plaque apposée sur le tombeau de Masséna Desbonnes lors de la cérémonie du 25 avril 2023
Les élèves de 3ème du collège des Saintes entourés de Madame Bertin à gauche et de Cécile Jacob

Toutes les photos de cette cérémonie du 25 avril 2023 en l’honneur de Masséna DESBONNES sont visibles sur le Facebook de la mairie de Terre-de-Haut.

L’écharpe, texte de Félix Foy
Publié par Raymond Joyeux
Le 8 mai 2023

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Un commentaire pour Les chroniques de L’IGUANE (2)

  1. Alain Thouret dit :

    Bonjour Raymond, content de te relire. Ne pas oublier ceux qui ont combattus et donné leur vie pour notre liberté est très important . A ce titre la cérémonie du 25 Avril pour Massena Desbonnes en y associant des élèves de troisième est une heureuse initiative. Mais quand sera t il dans plusieurs décennies ? Il a quelques années lors d’un de mes séjours à Terre de Haut, j’avais été frappé de voir les tombes des marins enterrés dans votre cimetière laissées à l’abandon. J’avais envoyé un courrier au « souvenir français » de Guadeloupe. Le nécessaire avait été fait, les tombes entretenues, les noms sur les croix à nouveau visible. Malheureusement j’ai pu constaté lors de mon dernier séjour que depuis ces marins meurent une deuxième fois car depuis plus rien…Les noms disparaissent, les croix menacent de tomber et les tombes elles même finiront par disparaître sous les feuilles mortes des arbres. Certes ces marins ne sont pas mort au combat mais en service commandé. Voilà qu’ils tombent dans l’oubli. Il est vrai qu’à l’époque de leurs disparitions les enfants n’étaient pas sensibilisés au souvenir.
    Encore félicitation à ceux qui ont organisé cette cérémonie et ne veulent pas oublier Massena Desbonnes et Cyprien Samson.

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